Selon un sondage de l’institut CSA rendu public ce mercredi, 6 Français sur 10 (58%) estiment que l’écriture inclusive devrait être interdite à l’université, notamment après son apparition dans certains examens.
Caution d’égalité entre hommes et femmes pour les uns, altération de la langue française pour les autres : l’écriture inclusive divise. Alors que son usage semble se démocratiser dans l’enseignement supérieur, un sondage de l’institut CSA, publié mercredi 14 juin, indique que près de 6 Français sur 10 (58%) préfèreraient que l’écriture inclusive soit interdite à l’université.
Dans le camp adverse, 41% des interrogés se disent en faveur de cette pratique, et 1% ne se prononce pas. La question, sensible en France depuis plusieurs années déjà, a récemment été relancée. En mai, un examen de droit de l’université Lyon 2 (Rhône) a notamment fait polémique, puisque rédigé en écriture inclusive.
Construit autour d’un cas de figure impliquant un couple de personnes non-binaires, il comportait des mots non-genrés tels que «professionaels», «appelae», «reconnux», «ouvertx». L’écriture inclusive est globalement définie comme un « ensemble d’attentions graphiques et syntaxiques » visant à «assurer une égalité des représentations entre les hommes et les femmes».
Ce qui constitue donc un problème pour 58% des personnes interrogées à ce sujet par CNEWS. Les avis divergent néanmoins entre hommes et femmes, puisque 69% des premiers se disent opposés à l’écriture inclusive à l’université, tandis que les femmes, elles, plébiscitent cette pratique à 51%.
L’âge semble lui aussi déterminant puisque les moins de 35 ans s’affichent clairement en faveur de l’écriture inclusive à l’université, à 65%. Le chiffre grimpe même à 68% chez les 18-24 ans. Une bascule s’opère ensuite puisque les 35-49 ans votent pour l’interdiction de l’écriture inclusive à l’université à 59%. Globalement les 50 ans et plus sont clairement contre (70%), avec un pic d’opposition à 74% chez les 65 ans et plus.
La proximité politique des interrogés montre que l’opposition à l’écriture inclusive est la plus forte à droite et au centre. Les sympathisants du parti présidentiel votent pour son interdiction à l’université à 60%, ceux des Républicains à 69%. L’opposition la plus forte est enregistrée chez les électeurs de Reconquête, à 94%.
Une circulaire de Jean-Michel Blanquer
A gauche, ceux qui votent pour l’interdiction de l’écriture inclusive à l’université l’emportent aussi (53%), mais dans une moindre mesure. Les électeurs du Parti socialiste sont les plus convaincus, à 60%. La France insoumise défend l’opinion inverse, avec 62% de votes contre l’interdiction de l’écriture inclusive à l’université. Les écologistes sont d’accord, à 52%.
En 2021, une circulaire de Jean-Michel Blanquer, alors ministre de l’Education nationale, a proscrit l’utilisation de l’écriture inclusive, en tout cas celle qui utilise le point médian, dans les écoles, les collèges et les lycées français. Mais aucune réglementation n’est en vigueur dans les universités.
A l’époque, Jean-Michel Blanquer avait expliqué que, selon lui, l’écriture inclusive « constitue un obstacle à la lecture et à la compréhension de l’écrit ». Il craignait aussi qu’« une telle écriture constitue un obstacle pour l’accès à la langue d’enfants confrontés à certains handicaps ou troubles de l’apprentissage».
De son côté, Raphaël Haddad, docteur en sciences de l’information, de la communication et enseignant à Paris I et Sciences Po Paris, assure que l’écriture inclusive existait déjà au Moyen Age, avant de se perdre. Il estime qu’elle est un « levier d’égalité entre hommes et femmes » qui permet de rendre compte, dans la langue, de la «mixité du monde».