D’après un sondage CSA pour CNews publié ce jeudi 27 juillet, 70% des Français ne font pas confiance à Emmanuel Macron pour garantir l’ordre public. Un résultat traduisant une défiance forte qui tombe deux jours après l’interview du président de la République, depuis la Nouvelle-Calédonie, au cours de laquelle il a justement promis de rétablir l’ordre sur le territoire après les récentes émeutes.
Il a promis «l’ordre, l’ordre, l’ordre», mais les Français viennent le démentir. D’après un sondage exclusif de l’institut CSA pour CNews, rendu public ce jeudi 27 juillet, 70% des Français indiquent ne pas faire confiance à Emmanuel Macron pour garantir l’ordre public.
À l’inverse, 30% des personnes interrogées font confiance au président de la République pour garantir l’ordre en France.
Dans le détail, parmi les 1.013 répondants à la question «Faites-vous confiance à Emmanuel Macron pour garantir l’ordre public ?», peu de différences apparaissent entre les hommes et les femmes. Chacun des deux sexes ayant répondu en grande majorité «non», respectivement à 68% et 69% contre 32% et 31% «oui».
Concernant la répartition par âge, ce sont les 35-49 ans et 25-34 ans qui font le moins confiance à Emmanuel Macron pour garantir l’ordre public. Ces catégories sont respectivement 78% et 76% à répondre «non» à la question posée. Arrivent ensuite les 50 ans et plus (63%) et 65 ans et plus (62%) à répondre par la négative. Par ailleurs, chez les 18-24 ans, les résultats sont plus mitigés. Ils sont 59% à indiquer ne pas faire confiance au chef de l’État pour garantir l’ordre public.
Considérant le profil sociologique des répondants, ce sont les CSP-, soit les catégories socio-professionnelles les moins favorisées, qui se montrent le moins confiantes en n’accordant pas leur crédit au président de la République pour garantir l’ordre public à 73%. Arrivent ensuite les inactifs (70%) et les CSP+ (61%).
La droite et la gauche unanimes pour dire « non »
Si l’on réfère à la proximité politique des personnes interrogées, Emmanuel Macron ne rencontre pas non plus l’assentiment des sondés qui, dans leur grande majorité, ne l’estiment pas à même de garantir l’ordre public. À gauche, 81% des sympathisants de la France insoumise (LFI) ont répondu «non», à la question «faites-vous confiance à Emmanuel Macron pour garantir l’ordre public ?», contre 76% de ceux se réclamant de la gauche radicale et 64% du côté du Parti socialiste et d’Europe Écologie-Les Verts.
À droite de l’échiquier politique, ce sont les partisans de Reconquête et du Rassemblement national qui se montrent les plus réticents quant à la capacité d’Emmanuel Macron à garantir l’ordre public. Ils sont respectivement 93% et 92% à répondre «non» à la question posée. Un avis également partagé par les électeurs LR à hauteur de 68%.
A noter que, du côté des sondés proches de la majorité, la confiance reste pourtant de mise. Ici ce sont seulement 12% des sondés proches de Renaissance qui ont indiqué ne pas faire confiance au président de la République pour garantir l’ordre public.
« Nul en République n’est au-dessus de la loi »
Durant une interview accordée lundi depuis Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, Emmanuel Macron s’est longuement étendu sur les émeutes qui ont enflammé le début de l’été en France à la suite de la mort de Nahel.
Alors que le directeur de la police nationale, Frédéric Veaux, avait commenté le placement en détention provisoire d’un policier soupçonné d’avoir roué de coups un jeune homme à Marseille en marge des émeutes estimant que «de façon générale», un policier «n’a pas sa place en prison», le président de la République a, de son côté, refusé de réagir à ces propos indiquant que cette décision «a été prise par un magistrat et donc (qu’il) ne se prononcerait pas sur celle-ci».
Rappelant que «nul en République n’était au-dessus de la loi», le chef de l’État a toutefois affirmé comprendre «l’émotion» des policiers, alors que les arrêts-maladie se sont multipliés dans les rangs des forces de l’ordre en réaction à la détention provisoire du fonctionnaire.
«Dans notre pays, les policiers servent la bonne application de la loi, l’ordre républicain. Et l’État de droit suppose d’abord la présomption d’innocence pour tout le monde, et le respect de la loi pour chacun», a dit Emmanuel Macron. «Je comprends l’émotion qu’il y a aussi chez nos policiers qui ont eu le sentiment d’avoir été confrontés à une violence extrême», a-t-il ajouté.
Les multiples faits divers peuvent aussi expliquer la défiance des Français. Dernier épisode de violence extrême en date, le meurtre d’Enzo, un adolescent de 15 ans tué à l’arme blanche au thorax à la suite d’un «mauvais regard» samedi dernier à La Haye-Malherbe, près de Louviers, dans l’Eure. «On ne s’attend pas à ce genre de drame chez nous», a commenté Serge Marais sur CNews, confirmant le choc de ses administrés à la suite de ce drame. Une marche blanche était d’ailleurs organisée hier, mercredi 26 juillet, à 17h30 à La Haye-Malherbe en mémoire de l’adolescent.
Enquête réalisée les 25 et 26 juillet sur un échantillon national représentatif de 1.013 personnes âgées de 18 ans et plus, par questionnaire auto-administré en ligne.