Le ministre chargé de la Transition numérique a jugé que les réseaux sociaux « ont joué un rôle dans l’amplification de la violence » lors des émeutes qui ont suivi la mort de Nahel.
Le gouvernement a questionné mardi soir le rôle des réseaux sociaux dans l’amplification des violences. Le ministre chargé de la Transition numérique, Jean-Noël Barrot, a proposé au Sénat la mise en place d’un groupe de travail.
Dans le cadre du projet de loi pour « sécuriser » Internet, le sénateur LR Patrick Chaize a proposé un amendement en lien direct avec les émeutes des derniers jours, pour permettre d’obliger les réseaux sociaux à bloquer l’accès, dans un délai de deux heures, aux contenus incitant de façon manifeste à la violence.
Après un échange dans l’hémicycle et une suspension de séance, le sénateur a finalement retiré l’amendement, appelant toutefois le gouvernement à engager la réflexion sur cette base.
Le ministre a jugé qu’il était « indéniable que les réseaux sociaux ont joué un rôle dans l’amplification de la violence », mais a donné « un avis très défavorable » à cet amendement « parce qu’il présente un risque extrêmement élevé d’inconstitutionnalité ».
Responsabiliser les réseaux sociaux ?
« Il faut leur mettre des responsabilités, mais si les responsabilités les conduisent à enfreindre la liberté d’expression, alors là ça veut dire que nous n’avons pas tout à fait trouvé les bonnes formules », a affirmé le ministre, qui appelle à engager une réflexion d’ici à la rentrée afin de « trouver une rédaction qui conviendra ».
« L’objectif, c’est qu’on ait une rédaction suffisamment consensuelle pour qu’elle passe les différentes étapes de la navette et que, in fine, elle ne soit pas censurée par le Conseil constitutionnel », a aussi déclaré le rapporteur centriste Loïc Hervé.
Le ministre a souligné que « dès les premières heures » des violences consécutives à la mort du jeune Nahel, tué par un policier, le gouvernement avait appelé les plateformes à leurs responsabilités.
Il a indiqué avoir organisé mardi « une nouvelle réunion pour tirer le bilan de la semaine » : « Ce sont plusieurs milliers de contenus illicites qui ont été retirés, plusieurs centaines de comptes qui ont été supprimés, plusieurs dizaines de réquisitions auxquelles les plateformes ont répondu », a-t-il souligné. « Par ailleurs, elles ont toutes pris un certain nombre de mesures pour éviter que les paramètres de leur fonctionnement […], qui peuvent conduire par la viralité à une amplification de la violence, s’atténuent », a-t-il ajouté.