La commission d’enquête parlementaire consacré aux Uber Files a pointé une étroite proximité entre la société américaine Uber et Emmanuel Macron. Une relation qui aurait perduré même après la première élection de l’actuel président de la République.
Le rapport final de la commission d’enquête parlementaire sur les Uber Files publié, ce mardi 18 juillet, pointe du doigt une relation «opaque» et «privilégiée» nouée par Emmanuel Macron avec la plate-forme américaine Uber. Au total, 70 auditions ont été menées et 120 personnes interrogées.
«La confidentialité et l’intensité des contacts entre Uber, Emmanuel Macron et son cabinet témoignent d’une relation opaque, mais privilégiée», y compris depuis son accession à la présidence de la République, peut-on lire dans le rapport.
L’affaire avait été déclenchée après la fuite de 124.000 documents internes recueillis par Mark McGann, ancien lobbyiste pour le compte d’Uber, et communiqués au journal britannique The Guardian.
« Deal secret »
Dans le rapport d’enquête parlementaire, on peut aussi lire que le président de la République, ministre de l’Economie à l’époque des faits, a passé un «deal secret» avec la société américaine pour qu’elle renonce à son application controversée Uber Pop en échange de la simplification des conditions nécessaires à l’obtention d’une licence de Voiture de transport avec chauffeur (VTC). Un SMS envoyé à l’actuel président de la République par un représentant d’Uber lors de la perquisition des locaux de l’entreprise par la répression des fraudes a été confirmé au sein du rapport.
«C’est au mépris de toute légalité, et grâce à un lobbying agressif auprès des décideurs publics, que l’entreprise américaine est parvenue à concurrencer de manière déloyale» les taxis, expliquent les membres de la commission d’enquête dans l’introduction du rapport. En 2016, le gouvernement avait réduit la durée de formation des chauffeurs. Le nombre d’heures nécessaires était passé de 250 heures à seulement sept. «Une grande opération de manipulation», peut-on encore lire dans le rapport.
Conflits d’intérêts ?
Toujours selon le rapport, la création de l’Agence de régulation des plates-formes d’emploi (Arpe) en 2021, censée réguler le secteur, ne constitue qu’«une manœuvre de contournement des droits sociaux des travailleurs à travers la création d’un soi-disant dialogue social» pour éviter une «requalification en salariat de l’activité des travailleurs».
Le président de l’Arpe Bruno Mettling est lui-même mis en cause pour avoir, quelques mois avant sa nomination, «effectué des activités de conseil, à la demande d’AT Kearney (un cabinet de conseil, NDLR) agissant pour le compte d’Uber». Il s’agissait de «peser sur la définition du cadre devant être donné au dialogue social en cours de construction», un potentiel «conflit d’intérêts», estime la rapporteure Danielle Simonnet (LFI) dans le rapport.
Selon des éléments mentionnés dans le document par cette dernière, Uber a eu également «34 échanges avec les services du président de la République entre 2018 et 2022». Elle a aussi relevé sur la même période 26 échanges avec le ministère du Travail, 25 avec Bercy et 83 avec le ministère des Transports, prouvant selon elle une intensification des rapports entre l’exécutif et l’entreprise californienne.