Isabelle Adjani est accusée d’avoir dissimulé une donation et d’avoir éludé 236 000 euros d’impôt sur le revenu. L’actrice, qui conteste les faits, sera jugée en octobre.
Connue pour ses rôles dans «L’été meurtrier» (1983), «La Reine Margot» (1994) ou plus récemment «Mascarade» (2022), Isabelle Adjani, a reçu une citation à comparaître le 19 octobre 2023 devant le tribunal correctionnel de Paris pour fraude fiscale et blanchiment.
«Isabelle Adjani conteste les faits reprochés et n’a commis aucune infraction», ont réagi ses avocats Mes Julie Freal-Saison et Cédric Labrousse, dénonçant des poursuites «infondées et disproportionnées».
Agée de 68 ans, l’actrice aux cinq César est accusée d’avoir fraudé l’administration fiscale en 2013, 2016 et 2017 par le biais de deux mécanismes. Elle aurait dissimulé «une donation de deux millions d’euros émanant de Mamadou Diagna NDiaye, sous couvert d’un prêt, lui ayant permis d’éluder 1,2 million d’euros de droits de mutation» et elle se serait fictivement domiciliée au Portugal, lui permettant ainsi d’«éluder 236.000 euros d’impôt sur le revenu», a détaillé mardi à Quotidien Libre une source judiciaire.
Mamadou Diagna NDiaye est un influent homme d’affaires sénégalais, président du Comité national olympique et sportif sénégalais (Cnoss) et membre du Comité international olympique (CIO). Il est également président du comité d’organisation des Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ), prévus en 2026 au Sénégal.
«L’administration fiscale française tente par tous les moyens de requalifier ce prêt en donation en dépit des remboursements effectués depuis des années», ont dénoncé les avocats d’Isabelle Adjani qui «s’étonne donc de cet acharnement». Mamadou Diagna NDiaye est par ailleurs le parrain du fils de la comédienne, ont-ils précisé.
L’actrice sera également jugée pour blanchiment, des faits qui auraient été commis entre les Etats-Unis et le Portugal en 2014. Elle est soupçonnée d’avoir fait «transiter par un compte bancaire américain non déclaré à l’administration fiscale la somme de 119.000 euros provenant d’une société offshore au bénéficiaire effectif inconnu et destinée à un investissement au Portugal», a développé la source judiciaire.
Panama papers
L’enquête a été ouverte en 2016 à la suite des révélations des Panama papers sur un système d’évasion fiscale via des comptes dans des paradis fiscaux. Isabelle Adjani était citée comme détentrice d’une société aux Iles Vierges Britanniques.
L’hebdomadaire L’Express avait révélé l’existence de cette enquête menée par l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (Oclciff) autour de cette société offshore Deckert Investments Limited fondée avec l’appui du cabinet Mossack Fonseca et immatriculée en juillet 2014.
Si les investigations n’ont pas permis d’identifier de flux financiers en lien avec cette société offshore, elles ont en revanche révélé des faits de fraude fiscale et de blanchiment, a précisé la source judiciaire.
Dans une autre procédure judiciaire, Isabelle Adjani a été mise en examen en octobre 2020 pour escroquerie après la plainte d’un ancien consultant qui l’accuse de lui avoir envoyé de fausses preuves de remboursement des 157.000 euros qu’elle lui devait. La patronne de l’agence de paparazzi Bestimage, «Mimi» Marchand, de son vrai nom Michèle Marchand, est également poursuivie dans cette affaire pour complicité d’escroquerie.
Isabelle Adjani a marqué le cinéma en jouant des héroïnes fragiles et passionnées, d’Adèle H. à la reine Margot en passant par Eliane dans «L’été meurtrier». Après des débuts fracassants, l’actrice aux cinq César se fait plus rare au cinéma mais crée l’événement à chacune de ses prestations au cinéma, au théâtre ou à la télévision, comme dans la série à succès «Capitaine Marleau».
Récemment, c’est par un retour à la chanson qu’elle a fait parler d’elle : l’interprète de «Pull marine» écrit par Gainsbourg il y a 40 ans, prépare un deuxième album pour la fin de l’année. Au cinéma, on l’a vue l’an dernier jouer une comédienne nostalgique de son succès passé dans «Mascarade» de Nicolas Bedos et une diva dans «Peter von Kant» de François Ozon.