Selon la dernière édition du Baromètre des décideurs réalisé par Viavoice pour HEC Paris, Le Figaro et BFM Business, la croissance apparaît de moins en moins comme le critère principal d’évaluation du progrès.
Les conséquences de plus en plus visibles du dérèglement climatique remettent doucement en cause les critères d’évaluation du progrès dans l’esprit des décideurs français. En clair, l’urgence climatique pose désormais la question de la croissance économique longtemps perçue comme l’alpha et l’oméga du progrès.
C’est l’une des conclusions de la dernière édition du Baromètre des décideurs réalisé par Viavoice pour HEC Paris, Le Figaro et BFM Business. Ainsi, plus de 6 cadres sur 10 (63%) estiment que l’urgence climatique remet en cause la pertinence de la croissance comme seule indicateur de santé économique. Une proportion similaire à celle observée auprès du grand public.
« Enseignement frappant qui témoigne d’une perméabilité de plus en plus marquée de l’opinion vis-à-vis de ces positions: seuls 6% d’entre eux se déclarent « pas du tout » en phase avec cette proposition », commentent Adrien Broche et François Miquet-Marty de Viavoice.
Une opinion moins réfractaire à l’idée de modération de la croissance
Conséquence, 60% des cadres estiment que le réchauffement climatique doit inciter les acteurs économiques et les ménages à aller vers une stagnation, voire une réduction de la richesse économique produite. « Un signal d’une opinion publique là-aussi moins réfractaire qu’on ne pourrait l’imaginer quant à l’idée de modération de la croissance », poursuivent-ils.
Si 50% des décideurs estiment que leur entreprise « est engagée » sur ces enjeux (64% pensent qu’elle est même « plus » engagée depuis trois ans), seuls 37% des cadres déclarent que leur entreprise ou organisation a mis en place des transformations ou adaptations pour faire face au réchauffement climatique.
Dans la majorité des cas (55%), il s’agit de réduire la consommation d’énergie. Puis viennent ensuite la limitation de la production de déchets (48%), la sensibilisation des salariés (44%) ou le fait de proposer des transports quotidiens moins polluants (30%).
Des entreprises engagées mais les actes peinent à suivre
Pour autant, l’étude montre que 28% des décideurs déclarent que leur entreprise n’a pas mis en place des transformations ou adaptations et que « cela n’est pas une priorité ». Les entreprises sont donc tiraillées avec « une tension entre adaptations face au climat et réelle mutation des business models » souligne le baromètre.
Plus globalement, malgré les tensions économiques et sociales, le moral des décideurs reste bon, avec le score de -24 en juillet, soit le niveau le plus haut depuis le printemps 2022 (contre -25 en juin). Un quart des décideurs estime que le niveau de vie s’améliorera en France dans les prochains mois et 30% que le chômage va continuer à baisser dans les prochains mois.
Interviews effectuées en ligne du 11 au 18 juillet 2023 sur un échantillon de 401 décideurs, représentatif de la population des cadres résidant en France métropolitaine. Représentativité assurée par la méthode des quotas, appliquée aux critères suivants : sexe, âge, secteur public ou secteur privé.