L’Elysée a dévoilé, ce jeudi 20 juillet, la nouvelle équipe gouvernementale qui aura la charge de lancer la nouvelle ère du second quinquennat d’Emmanuel Macron. Attendus au tournant dès la rentrée, les nouveaux ministres devront poursuivre la feuille de route fixée par le chef de l’État.
Le casse-tête du remaniement a touché à sa fin. L’Élysée a annoncé hier, jeudi 20 juillet, la nouvelle équipe gouvernementale avec, entre autres, la promotion de Gabriel Attal à l’Éducation et une surprise, l’arrivée à la Santé d’Aurélien Rousseau, ancien directeur de cabinet d’Elisabeth Borne. Le changement à la tête de ces deux ministères-clés, sur des dossiers prioritaires du second quinquennat d’Emmanuel Macron, semblent indiquer que la Première ministre a réussi en partie son pari.
En effet, ministres et conseillers décrivaient depuis lundi une bataille feutrée entre la cheffe du gouvernement, qui espérait renouveler au moins ces deux postes pour asseoir son autorité, et le président de la République qui, lui, ne voulait qu’un remaniement marginal pour conserver la cartouche d’un grand bouleversement pour des temps plus difficiles. Aurore Bergé (Solidarités), Patrice Vergriete (Logement), Sabrina Agresti-Roubache (Ville), Philippe Vigier (Outre-mer) et Thomas Cazenave (Comptes publics) ont également fait leur entrée dans la nouvelle équipe.
Ce remaniement marque le commencement d’une nouvelle ère pour le gouvernement, dont les nouveaux membres seront attendus au tournant sur les dossiers chauds dont ils auront la responsabilité dès la rentrée. De l’Éducation nationale à la Santé, en passant par l’immigration et l’écologie, les néo-ministres auront la charge de reprendre les grands chantiers laissés par leurs prédécesseurs, afin de poursuivre la feuille de route fixée par Emmanuel Macron.
Aurélien Rousseau face à l’hôpital en crise
C’est la marque d’Élisabeth Borne et la grosse surprise du remaniement : Aurélien Rousseau, vient d’être nommé ministre de la Santé en remplacement de François Braun. Il est l’ancien directeur de cabinet d’Elisabeth Borne et l’ancien patron de l’Agence régionale de la Santé d’Ile-de-France.
Le nouveau ministre de la Santé va devoir faire face à un système de soin en crise, miné par le manque de médecins et l’inexorable croissance des besoins en santé d’une population vieillissante. Parmi les grands malades, l’hôpital, qui n’est plus assez attractif pour attirer les soignants en nombre suffisant, malgré un Ségur de la santé qui a revalorisé à l’été 2021 les salaires des personnels hospitaliers.
Côté médecins de ville, le nouveau ministre va devoir faire face à la colère des syndicats, qui réclament une hausse de la consultation. Il aura aussi dans son escarcelle le sensible projet de loi sur la fin de vie, dont était chargée dans le gouvernement sortant Agnès Firmin-Le Bodo, ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des professions de santé.
Gabriel Attal promu à l’éducation nationale
A l’Éducation nationale, c’est un autre ministre de la Société civile, nommé en 2022 sur volonté d’Emmanuel Macron, Pap Ndiaye, qui va céder sa place au ministre sortant du Budget, Gabriel Attal, 34 ans, étoile montante de la Macronie. Érigée comme un chantier prioritaire en début de quinquennat par Emmanuel Macron, l’école jouit du premier budget de l’État (64,2 milliards), en hausse de 3,9 milliards d’euros en 2024 selon les premiers documents budgétaires. Toutefois, l’Éducation nationale paraît prisonnière des crises et représente un gros chantier pour Gabriel Attal.
Rue de Grenelle, le nouveau ministre devra trouver des solutions pérennes à la crise de recrutement d’enseignants, défi majeur pour le système scolaire. Pap Ndiaye a ouvert la voie en engageant le retour des concours dans le premier degré à bac+3 contre bac+5. La hausse de la rémunération fait également partie des solutions pour renforcer l’attractivité. Mais tant l’effort budgétaire inconditionnel que le « pacte », qui prévoit une hausse de rémunération soumise à de nouvelles missions, ont rencontré l’hostilité des syndicats et laissé perplexe le monde enseignant touché par un sentiment durable de déclassement.
Le harcèlement scolaire, « priorité de la rentrée 2023 » selon la Première ministre, mais aussi les controverses récurrentes sur la laïcité, à l’instar du port des abayas à l’école, s’inviteront également à l’agenda du ministre.
Gérald Darmanin attendu sur l’immigration
Alors qu’il était annoncé comme possible candidat pour remplacer Elisabeth Borne à Matignon, Gérald Darmanin a finalement été confirmé à Beauvau, où Emmanuel Macron semble satisfait de son action après les différentes problématiques sécuritaires qui ont marqué le pays ces dernières semaines, à l’image des émeutes liées à la mort du jeune Nahel.
Dans ce nouveau chapitre du second quinquennat d’Emmanuel Macron, Gérald Darmanin sera attendu dans le prolongement du chantier dont il est l’un des grands artisans : le projet de loi immigration. Malgré les récentes mobilisations contre le projet, le ministre poursuit ses consultations afin de trouver un compromis avec la droite pour trouver une majorité à l’Assemblée, après son passage au Sénat.
L’écologie grand priorité du quinquennat
Également annoncés sur la sellette, Agnès Pannier-Runacher et Christophe Béchu, respectivement à la Transition énergétique et à l’écologie, sont maintenus en poste et seront attendus au tournant pour relever l’immense défi de la transition écologique présentée par Emmanuel Macron comme étant l’une des grandes priorités du quinquennat.
Pour lancer officiellement cette nouvelle ère, la nouvelle équipe gouvernementale devrait se réunir vendredi matin, à 11h, pour un premier Conseil des ministres. Le président de la République devrait profiter de cette occasion pour rappeler la feuille de route du gouvernement et les objectifs de chacun.