L’artiste Artur Bordalo dénonce le financement des JMJ par l’État, dépense qui déplaît à deux tiers des Portugais aux prises avec l’inflation.
C’est un accueil auquel le souverain pontife ne s’attendait probablement pas. À Lisbonne, où le pape François est attendu dans le cadre des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), l’artiste portugais Bordalo II a tiré un long tapis rouge de billets géants de 500 euros. Avec cette création de plastique intitulée Marche de la honte, le trentenaire entend critiquer le financement par l’État portugais de cette manifestation. Le pays, laïc et aux prises avec une inflation galopante, a accepté de financer une large part du rassemblement religieux.
Dans une publication sur les réseaux sociaux de l’artiste, on peut voir plusieurs hommes se promener aux alentours de l’autel, un tapis roulé sous le bras. Il est déployé du haut des marches et glisse jusqu’au sol.
« Marche de la honte »
« Dans un État laïque, à une époque où beaucoup de gens se battent pour garder leur maison, leur travail et leur dignité, des millions de fonds publics ont été investis pour sponsoriser la tournée de la multinationale italienne », a regretté l’artiste sur son compte Instagram. « Je me sens victime d’une injustice en tant que citoyen, comme beaucoup d’entre nous. En tant qu’artiste j’ai la possibilité de transmettre cela et de donner ma voix aux personnes qui partagent cette même frustration et tristesse », écrit-il encore.
Le coût de l’évènement, qui doit rassembler près d’un million de jeunes catholiques, avoisine les 160 millions d’euros, selon les propres chiffres des autorités présentés en janvier. Les frais sont assumés par l’État (à hauteur d’au moins 30 millions), par l’Église catholique mais aussi par les trois mairies portugaises qui accueillent l’évènement : Lisbonne, Loures et Oeiras. Plusieurs polémiques avaient déjà éclaté en début d’année, notamment au moment de construire un autel dans la banlieue de Lisbonne. Le projet, initialement estimé à 4,2 millions d’euros, avait été revu à la baisse pour ne plus coûter que 3 millions.
La pilule ne passe cependant pas chez tous Portugais, déjà confrontés à la hausse du coût de la vie. D’autant moins, que les JMJ se tiennent alors que se multiplient les révélations sur les abus sexuels dans l’Église. D’après un sondage rapporté par RFI, 64% des Portugais étaient opposés au financement de l’évènement par l’État. L’artiste a souhaité se faire le relais de ce « sentiment d’injustice ».