Les taxes sur l’alcool vont-elles augmenter en 2024 ? C’est une piste examinée très sérieusement par le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire. Le vin pourrait ainsi subir une hausse de 0,3 centime par bouteille et les alcools forts de 1 à 2 euros.
Face aux inquiétudes des viticulteurs, le ministre des Comptes publics, Thomas Cazenave, a déclaré jeudi 3 août que ce projet de hausse des taxes sur l’alcool faisait toujours l’objet de « discussions » avec le ministère de la Santé.
La bouteille de vin coûtera-t-elle plus chère en 2024 ? Le gouvernement prévoit d’augmenter les taxes sur l’alcool d’ici quelques mois. Le vin pourrait ainsi subir une hausse de 0,3 centime par bouteille et les alcools forts de 1 à 2 euros. Des hausses annoncées par le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire lors d’une rencontre avec les députés de la majorité le 12 juillet dernier.
Selon Les Echos, il s’agirait d’indexer sur l’inflation de l’année N-1 les droits d’accises perçus sur les boissons alcoolisées, la hausse annuelle étant actuellement indexée sur l’inflation N-2 et ne pouvant dépasser 1,75 %. Pour atteindre cet objectif, le gouvernement prévoit de se calquer sur les mesures adoptées pour les produits du tabac en loi de finances de la Sécurité sociale 2023.
Cette augmentation ferait rentrer dans les caisses de l’Etat quelques centaines de millions d’euros, selon des sources proches de Bercy. Sur les 4,5 à 5 milliards d’euros de recettes annuelles de taxes sur les boissons (incluant les boissons sucrées), une majorité provient en effet des accises sur les alcools.
Le ministre Cazenave s’oppose à « une augmentation excessive des taxes »
Le sujet est brûlant notamment pour le Bordelais, premier vignoble AOC français avec 110.000 hectares, qui fait face à une grave crise de surproduction et un intense épisode de mildiou. Victime de la déconsommation, cette région viticole fait l’objet d’un plan d’aide à l’arrachage des vignes qui pourrait porter sur 9.250 hectares.
Le ministre des Comptes publics, Thomas Cazenave, a déclaré jeudi 3 août avoir « conscience » du « désarroi » et des « difficultés économiques » des viticulteurs, assurant que le projet de hausse des taxes sur l’alcool faisait toujours l’objet de « discussions » avec le ministère de la Santé. Face à cette éventualité, évoquée pour le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) qui sera débattu à la rentrée, le ministre a dit vouloir transmettre « un message de solidarité pour les viticulteurs, notamment en Gironde ».
Quelques jours avant le remaniement qui a permis son entrée au gouvernement, Thomas Cazenave avait cosigné un courrier avec d’autres parlementaires pour s’opposer à « une augmentation excessive des taxes » qui mettrait en péril des régions viticoles « déjà en crise pour quelques-unes d’entre elles ». Il a assuré n’avoir « pas changé d’avis ». « Je considère qu’aujourd’hui le secteur traverse une grave crise et qu’il faut pouvoir l’accompagner. À nous de regarder les modalités, de regarder comment on va bâtir cette réponse », a-t-il dit.
Le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a plaidé de son côté pour prendre en compte les « signaux de fragilité » du secteur dans une interview au site Vitisphère mercredi 2 août.
Plusieurs élus se sont également opposés à ces augmentations de taxes. Interrogé le 18 juillet sur Public Sénat, Henri Cabanel, sénateur socialiste de l’Hérault et également viticulteur a multiplié les mises en garde. « Il y a une profession, des agriculteurs et une économie qu’il faut préserver », a-t-il affirmé. « A un moment donné, quand on ne veut pas taxer les superprofits, c’est difficile d’aller ensuite taper sur les consommateurs », a renchéri Sébastien Pla, sénateur socialiste de l’Aude, le 18 juillet sur Public Sénat.
En 2023, selon un mécanisme de hausse indexée sur l’inflation, les taux appliqués aux « droits des alcools et boissons alcooliques » ont été relevés de 1,6 %, selon le site internet de la Douane. Les associations de lutte contre les addictions rappellent les méfaits de l’alcool. Selon une étude de publiée en août 2023 par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), le coût de l’alcool pour les finances publiques reste très supérieur aux recettes fiscales.
Pour l’Etat, « les recettes de taxation de l’alcool et du tabac, respectivement de 4 milliards d’euros et 13 milliards d’euros » sont inférieures au coût des traitements des maladies dues à ces deux drogues, 7,8 et 16,5 milliards d’euros, a précisé l’OFDT.