Pour clôturer son édition anniversaire, le festival s’est offert un show du groupe new-yorkais. Entre la pluie, les problèmes de son et l’absence de motivation de Julian Casablancas, ce cadeau prestigieux s’est avéré empoisonné. Nous y étions.
Un fiasco ? Après trois journées intenses de festival, le public n’attend qu’une chose: l’arrivée des Strokes. La venue du groupe new-yorkais au Parc de Saint Cloud est un cadeau prestigieux, qui va s’avérer empoisonné. Quelques heures avant le concert de Julian Casablancas et sa bande, la pluie s’abat sur les festivaliers. Le public, déjà entassé devant la grande scène, craint que les festivités ne soient annulées, comme l’an dernier, au We Love Green. Si l’attente semble interminable, les quelques minutes de retard du groupe le sont encore plus. Et comme une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule, la sonorisation, endommagée par la pluie, menace de lâcher. Démoralisé par la situation ou simplement dans un état second, le chanteur du groupe ne se donne même pas à 100%. Après réflexion, on aurait presque préféré que le concert soit annulé.
18 heures – Les festivaliers profitent des dernières heures de concert au Parc de Saint Cloud. Sur la grande scène, la performance d’Amyl and The Sniffers touche à sa fin. Certains fans se dépêchent de quitter la zone pour ne rien rater du concert de Wet Leg, sur la scène Cascade, ou de celui de Young Fathers, sur la scène du Bosquet. D’autres profitent du mouvement de foule pour se rapprocher au plus près de la grande scène, dans l’espoir de voir, d’ici quatre heures, leur groupe préféré depuis le premier rang.
Le ciel s’assombrit soudainement. L’averse est imminente. Dix minutes plus tard, le public est trempé, la scène et les installations sonores aussi. Mais il en faut plus pour décourager les festivaliers. Les Strokes ne se sont pas produits à Paris depuis la pandémie, pas question de clôturer la saison des festivals sans eux. La pluie donne l’occasion aux fans de revêtir fièrement leur sweat-shirt à l’effigie du groupe, fraîchement acheté au prix fort dans la boutique du festival. Quelques minutes après le déluge, Foals monte sur scène. Le concert se déroule sans accroc, ravivant le sourire sur le visage des milliers de festivaliers déjà présents. Ils ne le savent pas encore mais ce bonheur sera de courte durée.
La malédiction de Rock en Seine ?
Comme mercredi dernier avant le concert de Billie Eilish, il n’est pas question de quitter sa place. Et si la moyenne d’âge a changé depuis le passage de la superstar américaine, la mentalité elle, n’a pas bougé d’un iota. Les fans se poussent, se crient dessus, s’empêchent les uns les autres de passer. L’attente est interminable. Le groupe finit par arriver, en retard. Le public est tellement content de retrouver Casablancas et sa bande qu’il ne lui en tiendra pas rigueur. Du moins pour l’instant. Car il ne lui faudra pas longtemps pour comprendre que le chanteur n’est pas au meilleur de sa forme. Et que le groupe ne suit pas. On a la sensation d’assister à une répétition ou au premier passage d’un groupe débutant dans un télécrochet comme X-Factor.
Entre deux sons, Julian prend la parole. Ses blagues mettent mal à l’aise et ses anecdotes sont bien trop longues. Dommage, il ne lui aurait pas fallu grand-chose pour convaincre un public déjà bouillant. Et ce n’est pas tout. C’est au tour de la sonorisation de faire des siennes. YOLO, The Adults Are Talking , Ode To The Mets… Les plus gros tubes du groupe sont presque gâchés. Le son est saccadé, désagréable. Le concert rappelle étrangement celui d’Arctic Monkeys, un an plus tôt. La malédiction de Rock en Seine a encore frappé.
Pour beaucoup, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Ceux qui, deux heures plus tôt, se sont bousculés pour une place «front-row» rebroussent déjà chemin. Personne ne veut assister à ce désastre plus longtemps. Le concert des Strokes est tellement mauvais qu’il pourrait, une fois digéré, devenir inoubliable. Un peu comme la séparation d’Oasis, en 2009, ici, à Rock en Seine.
The Chemicals Brothers, Cypress Hill, Placebo…
Si les Strokes ont largement déçu, d’autres ont surpris. Tove Lo, Girl in Red, Lucie Antunes… Mercredi, pour inaugurer sa 20e édition, Rock en Seine s’est offert une programmation 100% féminine, clôturée par Billie Eilish. À ses 40.000 fans, l’interprète de Bad Guy, tête d’affiche de ce week-end anniversaire, a livré un concert millimétré, sans faute ni temps morts. À son heure et demie de show, Billie a su intégrer ses ballades les plus tristes, sous les yeux humides de son public.
Vendredi, après un jour off, les festivités ont repris de plus belle. Boygenius, Christine and The Queens et Placebo ont fait sensation, célébrant le rock comme l’aiment les amateurs du festival. Le lendemain, Rock en Seine a fait la part belle à la pop et à la musique électronique.
En attendant la sortie de son nouvel album, les Chemicals Brothers ont pu célébrer leurs 30 ans de carrière aux côtés de la DJ belge Charlotte de Witte et du groupe Yeah Yeah Yeahs, célèbre pour son tube Heads With Roll. À la dernière minute, le groupe latino-américain Cypress Hill a dû remplacer Florence + The Machine, absente pour des raisons de santé. Les vétérans du hip-hop ont donné une prestation bien plus rock que beaucoup de groupes se réclamant de cette esthétique.