Pour enrayer les trafics de drogues, faut-il sanctionner plus durement les consommateurs ? C’est ce que préconisent 75% des Français, selon un sondage exclusif de l’institut CSA pour CNews, dévoilé ce jeudi 31 août.
Après la mort d’un garçon de 10 ans à Nîmes, victime collatérale du trafic de drogues, les Français attendent des mesures radicales pour enrayer la criminalité et des mesures anti-drogue plus fortes.
Selon un sondage exclusif* de l’institut CSA pour CNews, rendu public ce jeudi, 75% des Français se disent favorables à des sanctions plus dures pour les consommateurs de drogues, sans lesquels les trafics seraient bien plus faibles.
Ce sont les jeunes de 18 à 24 ans qui sont les plus favorables au durcissement des sanctions pour les consommateurs, à 85%, selon le sondage CSA. Les 35-49 ans et les personnes âgées de 50 à 64 ans sont, à l’inverse, les plus opposés à ces sanctions, avec respectivement 29% et 28% d’opposition. Les plus de 65 ans sont, quant à eux, favorables à ce durcissement à 80%.
Si l’on pouvait s’attendre à ce que les jeunes, que l’on pense être les premiers consommateurs de drogues, défendent davantage les clients, la réalité est un peu différente. Selon une étude de l’Observatoire français des drogues, les plus jeunes générations s’intéressent de moins en moins aux produits addictifs (cannabis, drogues dures, alcool, etc.) Santé publique France indique par ailleurs dans un rapport publié en décembre 2022 que «la génération née dans les années 2000 (…) se révèle moins consommatrice que les précédentes» en ce qui concerne le cannabis.
La droite très mobilisée sur le sujet
Sans surprise, les sondés proches de la droite se révèlent bien plus favorables au durcissement des sanctions contre les consommateurs de drogues que ceux proches de la gauche. Ainsi, 88% des personnes proches de Reconquête y sont favorables, 83% du Rassemblement national, et 92% des Républicains.
Le président des LR, Éric Ciotti, a par ailleurs dévoilé ce lundi à France Bleu une série de propositions pour lutter contre le trafic de drogues, parmi lesquelles, la multiplication par cinq du tarif des amendes pour possession de stupéfiants. «Il faut que le nom des consommateurs contrevenants soit inscrit sur le site du ministère de l’Intérieur ou celui de la Justice», a-t-il aussi préconisé.
À gauche, tous les partis sont en majorité favorables à une législation plus ferme contre les consommateurs, mais dans une moindre mesure. La France insoumise n’y est ainsi favorable qu’à 56%, contre 59% pour EELV et 72% pour le Parti socialiste.
Après la mort de Fayed, petit garçon de 10 ans fusillé à Nîmes, le coordinateur de la France insoumise, Manuel Bompard, a fait une proposition tout autre pour enrayer le trafic de drogues : la légalisation du cannabis. Il souhaite ainsi s’inspirer d’autres pays, notamment de Malte, du Canada ou de certaines régions des États-Unis, qui revendiquent une baisse du crime organisé depuis la légalisation du cannabis.
La France compte environ 5 millions d’usagers du cannabis (personnes en ayant consommé au moins une fois dans l’année, ndlr) en 2022, et 600.000 usagers de la cocaïne, la drogue dure la plus consommée dans le pays. Le trafic de drogue pesait par ailleurs 2,7 milliards d’euros, selon une statistique de l’INSEE datant de 2018.
Sondage réalisé sur un échantillon national représentatif de 1008 personnes âgées de 18 ans et plus, le 29 août 2023, par questionnaire auto-administré en ligne.