A quelques jours de la réception des pays du G20, le Premier ministre indien Narendra Modi s’est présenté comme étant «président du Bharat» sur les invitations officielles destinées aux différents pays membres, ce qui interroge sur un potentiel changement de nom du pays le plus peuplé au monde.
Un changement symbolique, mais pas vide de sens pour autant. Alors que l’Inde s’apprête à recevoir les pays du G20 ce samedi 9 septembre, le pays qui compte près d’1,5 milliard d’habitants pourrait changer de nom pour «Bharat».
C’est en tout cas une interrogation légitime puisque les invitations officielles adressées aux pays membres du G20 présentent Narendra Modi comme étant le «président du Bharat», alors que la mention Inde (ou India) n’est inscrite nulle part et quand bien même le dirigeant indien est officiellement Premier ministre.
Reste que Narendra Modi lui-même recourt généralement, quand il parle de l’Inde, au mot «Bharat» qui renvoie aux anciens textes hindous écrits en sanscrit et qui est l’un des deux noms officiels du pays en vertu de sa Constitution.
Le gouvernement a enfin convoqué une session extraordinaire du Parlement dans le courant du mois de septembre. Et d’après la chaîne News18, se basant sur plusieurs sources gouvernementales, cette rencontre profiterait au parti nationaliste BJP, qui a déjà fait campagne contre l’utilisation du mot «Inde» et qui s’apprêterait à présenter une résolution spéciale afin de lui préférer Bharat.
Une émancipation étymologique
Le BJP, parti d’extrême droite nationaliste hindou duquel est issu l’actuel Premier ministre Narendra Modi, milite depuis longtemps pour que l’Inde perde ainsi «India» comme nom officiel, qui fait inévitablement référence à l’Empire britannique, qui avait colonisé le territoire qu’il avait appelé «l’Inde Britannique» vers la moitié du 18e siècle.
Pour autant, chez les adversaires politiques de Narendra Modi, ce potentiel changement semble être sujet à la critique. «J’espère que le gouvernement ne sera pas assez stupide pour se passer complètement de « l’Inde », dont la valeur de marque incalculable s’est construite au fil des siècles. Nous devrions continuer à utiliser les deux mots plutôt que de renoncer à notre prétention à un nom chargé d’histoire, un nom reconnu dans le monde entier», a réagi Shashi Tharoor, ex-ministre des Affaires étrangères dans un message posté sur X (anciennement Twitter). Issu du Congrès national indien (INC), dont était issu Mahatma Gandhi, l’ancien responsable politique a posté l’invitation officielle reçue par les pays membres du G20, où l’absence de la mention India a été remarquée.
L’incident aurait été provoqué par l’introduction illégale d’une bouteille de gaz à bord, qui aurait explosé. Le Premier ministre Narendra Modi a de son côté privilégié le nom Bharat à Inde à plusieurs reprises, et rappelle régulièrement à son peuple la nécessité pour le pays de s’émanciper de son passé colonial, depuis son accès au pouvoir il y a près de 10 ans, en 2014.
Plusieurs autres états ont également procédé à des changements de noms officiels tels que la Birmanie où le nom en anglais avait été modifié passant de Burma à Myanmar en 1989, la République démocratique du Congo (RDC) qui avait abandonné les appellations officielle Congo belge en 1960, puis Zaïre et République du Congo ou encore le Sri Lanka. En 1972, le pays insulaire situé au sud de l’Inde avait abandonné Ceylan pour Sri Lanka en 1972.