Selon une information de nos confrères du Figaro, les enseignes de grande distribution balayent d’un revers de main la proposition de loi évoquée par la Première ministre ce week-end, qui leur permettrait de vendre de l’essence « à perte » début décembre.
La décision d’Élisabeth Borne avait surpris tout son monde samedi 16 septembre : afin de lutter contre la flambée des prix du carburant, la Première ministre annonçait que l’interdiction de revente « à perte » était levée pour les distributeurs et ce, « sur une période limitée de quelques mois ». Une interdiction en vigueur depuis 1963 et qui devait donner des « résultats tangibles pour les Français, sans subventionner le carburant ». Lundi, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, avait confirmé la mesure dans Télématin sur France 2, précisant que les enseignes de la grande distribution pourront le faire pendant six mois « d’ici début décembre ».
Mais y avait-il eu concertation avant cette annonce ? Il semblerait que non à en croire une information du Figaro ce mardi soir. Les patrons des enseignes Leclerc, Carrefour, Intermarché, Système U, Casino et Auchan étaient convoqués à Bercy plus tôt dans la matinée et se seraient opposés à une vente « à perte » du carburant devant leurs supermarchés. Selon les informations de nos confrères, les distributeurs auraient assuré au ministre de l’Économie Bruno Le Maire, et à la ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme Olivia Grégoire, que la « possibilité de vente à perte ne sera pas suivie, car elle n’est économiquement pas tenable ».
D’autres opérations de baisses de prix ?
Un coup d’épée dans l’eau donc pour le gouvernement, puisque les distributeurs ne vendront de l’essence qu’à prix coûtant, ce que chaque enseigne faisait déjà de manière épisodique depuis plusieurs mois. Pour rappel, en 2012, le vice-président de l’Autorité française de la concurrence, Emmanuel Combe, estimait qu’il était possible d’imaginer « des stratégies de baisses de prix agressives, temporaires et locales de la part de certains distributeurs ». Une autre solution ?
Selon Le Figaro, les différents distributeurs attendent surtout, quant à eux, un soutien du gouvernement, en ces temps d’inflation, pour modifier la loi Descrozaille. Celle-ci prévoit la poursuite du relèvement du seuil de revente à perte pour les produits alimentaires, mais aussi un plafonnement à 34 % des promos sur les articles d’hygiène-beauté. Il y a quelques jours, Bruno Le Maire avait annoncé que la date butoir des négociations entre distributeurs et industriels serait avancée. Le locataire de Bercy attend que ces négociations se traduisent par une baisse de prix.