Alors que l’on célèbre ce mardi 10 octobre la journée mondiale contre la peine de mort, la France l’avait abolie le 9 octobre 1981, après un discours mémorable de Robert Badinter, ministre de la Justice de l’époque.
La journée mondiale contre la peine de mort, célébrée chaque 10 octobre, est l’occasion de se replonger en 1981, année choisie par la France pour l’abolir.
Le 17 septembre 1981, au Palais Bourbon, Robert Badinter avait plaidé contre la peine de mort devant un hémicycle qui avait voté, le lendemain, l’abolition par 363 voix contre 117. Le Sénat avait suivi quelques jours plus tard.
La mise au rebut de la guillotine avait ainsi été promulguée le 9 octobre suivant et publiée au Journal officiel le 10 octobre. Robert Badinter, ministre de la Justice entre 1981 et 1986 de François Mitterrand, était considéré par certains comme l’«avocat des assassins» et était la cible de toutes les attaques lorsqu’il a fait voter l’abolition de la peine de mort. «Jamais je n’ai eu l’impression d’une telle solitude», avait-il dit.
Lors de son discours, le garde des Sceaux avait usé de toute son éloquence pour dénoncer une «justice qui tue» et les «exécutions furtives, à l’aube sous le dais noir» tendu dans une cour de prison. A l’époque, la France n’était que le 35ème Etat du monde à tourner le dos à la peine de mort, et le dernier parmi la Communauté européenne de l’époque.
37% des Français favorables à la peine de mort
Lors de ce même événement, Robert Badinter avait fustigé un rétablissement de la peine capitale qui «ne serait pas de nature à faire reculer ceux qui seraient prêts à se faire exploser avec leurs victimes». En 2022, 37% des personnes interrogées dans le cadre d’une étude de Statista étaient favorables au rétablissement de la peine de mort en France.
En 2020, l’actuel garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, s’était positionné dans la lignée de son illustre prédécesseur en affirmant que «devant l’horreur des crimes terroristes, nous devons opposer le droit, sans angélisme ni mollesse», mais pas la peine capitale. Dans une autre référence aux enjeux actuels, Robert Badinter avait souligné la nécessité de réfléchir au «fonctionnement de notre système pénitentiaire», en particulier à la surpopulation carcérale. Un problème «qui se pose avec une acuité particulière dans notre pays», avait-t-il relevé.
A l’époque où il était ministre de la Justice, Robert Badinter avait également fait voter la suppression des quartiers de haute sécurité, celle de juridictions d’exception, la dépénalisation de l’homosexualité, et l’accès des justiciables français à la Cour européenne des droits de l’homme, une loi sur l’indemnisation des victimes d’accidents.