Après s’être rendu mardi à Tel Aviv et à Ramallah, Emmanuel Macron a rencontré le roi de Jordanie et le président égyptien. Alors que sa proposition surprise de lancer une « coalition internationale » contre le Hamas se heurte au scepticisme, la France s’engage humanitairement.
Emmanuel Macron a poursuivi ce mercredi son voyage au Proche-Orient, au lendemain de sa surprenante proposition de lancer une « coalition internationale » contre le Hamas – sur le modèle de celle qui avait été mise en place contre Daech en 2014 – s’attirant les doutes de nombreux experts et de diplomates étrangers.
Après avoir rencontré mardi, notamment, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou à Tel Aviv, puis le président de l’autorité palestinienne Mahmoud Abbas à Ramallah, le président de la République s’est envolé mardi soir pour Amman afin de s’entretenir avec le roi de Jordanie Abdallah II, ce que n’avait pas pu faire Joe Biden. Les deux dirigeants se sont retrouvés à 11 heures au palais Al-Husseiniya pour un entretien en tête à tête d’une heure.
« La poursuite de la guerre entraînera une explosion de la situation dans la région », a mis en garde le roi de Jordanie. Il « a appelé la communauté internationale à prendre des mesures immédiates pour faire pression sur Israël afin qu’il arrête la guerre, protège les civils et brise le siège de la bande de Gaza. » Le roi a affirmé son « rejet de toute tentative visant à déplacer ou provoquer un déplacement à l’intérieur de la bande de Gaza ». Enfin Abdallah II, qui n’a fait aucune allusion à l’idée de la coalition, « a souligné l’importance du rôle de la France dans le soutien aux efforts visant à établir un horizon politique permettant de parvenir à une paix basée sur la solution à deux États.
La reine Rania de Jordanie a de son côté dénoncé sur CNN « le silence dans le monde » sur la situation à Gaza, fustigeant un « deux poids, deux mesures ».
« Une paix juste et durable est possible au Proche-Orient »
« Une paix juste et durable est possible au Proche-Orient. La France agit contre le terrorisme, pour la protection des civils et pour que les aspirations légitimes des Israéliens comme des Palestiniens soient prises en compte. La Jordanie est un partenaire essentiel sur ce chemin », a déclaré sur le réseau X Emmanuel Macron à l’issue de l’entretien.
Le président français a également rencontré Philippe Lazzarini, Commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA). « Le commissaire général a notamment rappelé les besoins urgents de la population, en eau, électricité, nourriture, essence et médicaments. Il a insisté sur la situation très dégradée des hôpitaux. Le président de la République a indiqué que la France allait continuer à accroître l’aide humanitaire française », a indiqué l’Elysée, précisant que « dans le cadre des aides supplémentaires aux populations palestiniennes, la France a décidé de verser plus de 4 millions d’euros supplémentaires à l’UNRWA pour sa réponse d’urgence dans les secteurs de l’alimentation, des abris, de la santé et de la protection en particulier des femmes et des enfants. » Emmanuel Macron « a rappelé son soutien aux actions de l’UNRWA au profit de la société civile palestinienne et la poursuite de son engagement à ses côtés pour la construction d’un futur État palestinien viable. »
Dernière étape de sa tourne diplomatique, le président de la République s’est rendu au Caire pour rencontrer le président Al Sissi, qui a appelé à « contenir la spirale de la violence » dans le Moyen-Orient. « La solution pour les Palestiniens ne se trouve pas en dehors de leur territoire », a poursuivi le président égyptien, craignant qu’ « une invasion terrestre dans Gaza pourrait causer un grand nombre de victimes parmi les civils. »
« La France ne pratique pas le double standard », affirme Emmanuel Macron, rappelant que « le droit international s’applique à tout le monde » et que « toutes les victimes se valent et il n’y a pas de hiérarchie ». « La solution de deux États, Israël et la Palestine vivant côte à côte et en sécurité […] ce n’est pas parce que cette idée est vieille qu’elle est devenue caduque. C’est un chemin à mener en même temps que l’on combat le terrorisme », a déclaré Emmanuel Macron, annonçant que 31 ressortissants français sont morts lors de l’attaque du Hamas.
Des avions humanitaires français vers l’Egypte
Le président a ensuite annoncé que la France allait envoyer un « navire de la marine nationale pour soutenir les hôpitaux de Gaza » qui partira de Toulon « dans les prochaines 48 heures ». Il s’agit du porte-hélicoptères amphibie Tonnerre, dont hôpital de 750 m2 peut accueillir 69 lits minimum et compte deux blocs opératoires. Concernant l’aide humanitaire un « avion français se posera dès [jeudi] » sur le sol égyptien et « d’autres suivront », a poursuivi le chef de l’État qui a annoncé « un accord » pour « plusieurs opérations humanitaires avec la Jordanie » et « un protocole avec l’Égypte » pour évacuer les 170 ressortissants français de la bande de Gaza.
Ces deux journées au Proche-Orient ont permis à Emmanuel Macron de préciser la position française, quoique très floue concernant la coalition. Il a d’ailleurs assuré sur le tarmac que la France n’enverrait pas de soldats dans la bande de Gaza. Le président a regagné Paris ce mercredi soir où il pourrait décider de rendre un hommage national aux 31 victimes françaises du Hamas.