Dans un rapport de l’ONU, des scientifiques mettent en garde contre la multiplication des « points de bascule » et dénoncent des réponses en deçà des enjeux posés par la crise climatique.
L ONU a identifié six « points de bascule » à partir desquels « les systèmes sur lesquels nous comptons pour notre vie et nos sociétés ne peuvent pas amortir les risques et arrêtent de fonctionner ».
Accélération des extinctions d’espèces, épuisement des eaux souterraines, fonte des glaciers, débris spatiaux, chaleur insoutenable… Autant de « points de bascule à risques » qui menacent notre planète.
Cette nouvelle appellation prend corps dans un rapport publié mercredi 25 octobre par l’Organisation des nations unies (ONU) et se définit comme le seuil à partir duquel « les systèmes sur lesquels nous comptons pour notre vie et nos sociétés ne peuvent pas amortir les risques et arrêtent de fonctionner comme nous l’attendons ».
Des risques méconnus
Au total, l’ONU dénombre six points de bascule, et alerte sur le risque de leur multiplication « qui pourrait détruire les systèmes dont notre vie dépend ». Outre le réchauffement climatique et la disparition de certaines espèces animales, le rapport soulève d’autres menaces, moins présentes dans le débat public.
A l’instar des débris spatiaux, qui, à raison de collisions en chaîne, pourraient rendre inexploitable l’orbite terrestre, utilisée dans le cadre de la surveillance météorologique. Mais également de l’épuisement des eaux souterraines, utilisées en majeure partie pour l’agriculture afin de compenser le manque d’eau durant, par exemple, les épisodes de sécheresse. Le rapport relève notamment qu’en Arabie saoudite ces puits sont déjà asséchés. De son côté, l’Inde se rapproche progressivement du point de bascule.
Précarité assurantielle
Parmi les causes identifiées, figurent sans surprise les émissions de gaz à effet de serre, la priorisation des profits, la sous-évaluation des risques environnementaux. Mais aussi les inégalités de développement et de subsistance ainsi que le colonialisme, constituant « un état d’esprit expansionniste et [marqué par] le désir de pouvoir, d’exploitation et de contrôle sur une certaine zone », qui participent à la « dégradation de l’environnement ».
Face à la crise environnementale, la question du coût des assurances est également mise sur la table. Et pour cause, la multiplication des catastrophes climatiques conduit inexorablement à l’augmentation de leurs prix, et entraîne parfois même la désertion des assureurs de certaines zones jugées à haut risque, laissant alors les populations sans filet de sécurité.
Nécessité de « réinventer » les systèmes de fonctionnement
Pour apporter une réponse adaptée à la crise climatique, le rapport distingue les solutions visant à éviter les causes du problème de celles participant à s’adapter face à des changements inévitables. Chacune d’entre elles pouvant s’inscrire dans le système existant, ou bien chercher à le transformer.
L’installation de climatiseurs, par exemple, peut être perçue comme une solution d’adaptation au sein du système, tandis que la réduction des émissions de gaz à effet de serre cherche à le transformer, dans la mesure où elle en cible la cause. Mais, pour les scientifiques ayant conduit le rapport, l’essentiel des réponses apportées à la crise climatique se contente de retarder les points de bascule, sans réinventer les systèmes de fonctionnement.