Pour la première fois de son histoire, l’association a resserré les conditions d’octroi de son aide alimentaire. Une mesure face à l’impossibilité d’accueillir toujours plus de personnes dans le besoin.
Les tendances ne sont pas rassurantes » pour le président des Restos du Cœur, Patrice Douret. A l’heure de l’ouverture de sa 39e campagne de distribution alimentaire, ce mardi, l’association est obligée de réduire le nombre de ses bénéficiaires. La cause ? Elle ne parvient plus à faire face à l’afflux de demandes d’aide, aux points de vue logistique comme financier.
Pour la première fois de leur histoire, Les Restos du Cœur applique un barème plus restrictif ouvrant droit à l’aide alimentaire qu’elle dispense. « Entre 5 et 10 % des personnes accueillies l’hiver dernier se voient refuser l’aide alimentaire cette année » et « nous observons un nombre important de nouvelles personnes admissibles », explique Patrice Douret.
Il y a « beaucoup de résignation »
Chez les recalés, « il y a beaucoup de résignation, les gens savent qu’on n’est pas en capacité d’accueillir tout le monde », observe le président de l’association créée par Coluche en 1985. Ces personnes peuvent toutefois bénéficier des autres services de l’association, comme le don de vêtement ou l’accompagnement à la recherche d’emploi.
« La faim progresse, de plus en plus de personnes sont en difficulté en raison de l’inflation », se désole Patrice Douret. Mères célibataires, retraités, salariés aux emplois peu rémunérateurs, étudiants… cette hausse des demandes concerne tous les profils, dans tous les départements. Les ménages accueillis vivent avec moins de 550 euros par mois pour 60 % d’entre eux.
Explosion du budget alimentaire
L’association a accueilli 1,3 million de personnes en 2022-2023, contre 1,1 million lors de la campagne précédente. Et ces derniers mois, son budget pour les achats alimentaires, redistribués ensuite gratuitement aux bénéficiaires, a doublé à cause de l’inflation.
La hausse des prix a atteint 4 % en octobre , selon les dernières données de l’Insee. Et celles de l’énergie (+5,2 %) et de l’alimentation (+7,8 %) restent fortes.
Les dons deviennent nécessaires
L’association avait lancé un appel en septembre : il lui manquait 35 millions d’euros pour terminer l’exercice à l’équilibre. « Notre appel a été entendu, il y a eu un élan de générosité exceptionnel », souligne son président.
La survie de cette association emblématique est-elle à présent assurée ? « Je ne sais pas », répond prudemment Patrice Douret. « Nous avons vraiment besoin de continuer à être soutenus. » Pour passer ce cap difficile, Les Restos du Cœur demande au gouvernement de mettre en place un « plan d’urgence alimentaire ». Notamment « en portant le budget dédié aux associations d’aide alimentaire à 200 millions d’euros, contre autour de 150 aujourd’hui ».