Au lendemain de sa nomination au poste de Premier ministre par Emmanuel Macron, Gabriel Attal doit former un nouveau gouvernement avec deux mots d’ordre : «réduire et renouveler». À cet égard, plusieurs ministres, fragilisés pour leurs prises de position ou par des affaires, devraient probablement quitter le gouvernement.
Renouveler pour mieux gouverner ? Le nouveau Premier ministre Gabriel Attal s’attelle à former son futur gouvernement, au lendemain de sa nomination par le président de la République, destinée à insuffler un nouvel élan à un quinquennat fragilisé par la réforme des retraites et la loi immigration.
Gabriel Attal doit désormais composer son équipe gouvernementale sous le signe du «réarmement» et de la «régénération» souhaités par Emmanuel Macron. Voici les ministres sur la sellette.
Clément Beaune
Le ministre des Transports est probablement l’une des personnalités les plus en danger à l’aube de ce remaniement ministériel. Il est sur la sellette depuis qu’il a déclaré son opposition au projet de loi immigration, mettant même sa démission en balance au moment du rejet du texte par l’Assemblée. S’il a affirmé qu’il «y a encore des combats à mener» sur ce texte, il y a quelques jours dans Le Parisien et qu’il s’est également dit prêt à «servir», il pourrait déjà être hors-jeu et faire partie de la liste des départs.
Agnès Firmin Le Bodo
Depuis le 20 décembre, la nouvelle ministre de la Santé remplace, par intérim, Aurélien Rousseau, qui a démissionné en raison de ses désaccords sur la loi immigration. Alors qu’elle bénéficiait d’une solide réputation auprès du président de la République, notamment après avoir œuvré sur le projet de loi sur la fin de vie, qui devrait notamment permettre la légalisation d’une forme de suicide assisté, la nouvelle ministre a perdu du crédit en étant visée par une enquête pour avoir reçu des cadeaux du laboratoire Urgo.
Selon l’enquête, elle aurait reçu des cadeaux d’une valeur totale de 20.000 euros entre 2015 et 2020, dans le cadre de sa profession de pharmacienne au Havre. Si la ministre a réfuté tout conflit d’intérêts, se disant «sereine», l’affaire pourrait toutefois lui coûter sa place dans le futur gouvernement Attal.
Rima Abdul-Malak
Le sort de la ministre de la Culture, que le président de la République a contredit publiquement sur l’affaire Gérard Depardieu, pourrait aussi déjà être scellé. Le chef de l’État avait considéré que la Légion d’honneur était un Ordre qui n’est «pas là pour faire la morale», alors que sa ministre avait annoncé quelques jours auparavant qu’une «procédure disciplinaire» serait engagée par la Grande Chancellerie de la Légion d’honneur à l’encontre de l’acteur.
Rima Abdul-Malak avait par ailleurs jugé que les propos de Gérard Depardieu faisaient «honte à la France», quand Emmanuel Macron avait quant à lui soutenu le comédien, affirmant que c’était un «immense acteur» qui «rend fière la France» et dénonçant «une chasse à l’homme».
Catherine Colonna
L’avenir de Catherine Colonna aux Affaires étrangères, que Sébastien Lecornu avait semblé presque remplacer sur le plan diplomatique au Proche-Orient, semble aussi incertain. En cause : son manque d’incarnation de la fonction ministérielle. Pour la remplacer, certains glissent que le ministre de l’Intérieur Gérard Darmanin se verrait bien au Quai d’Orsay, tandis que circule aussi le nom de Stéphane Séjourné, eurodéputé et président du parti présidentiel Renaissance.
Olivier Dussopt
Fragilisé par la séquence de la réforme des retraites début 2023, le ministre du Travail n’est pas parvenu à regagner du crédit depuis. Par ailleurs, ce dernier attend le jugement de son procès pour favoritisme, qui sera rendu le 17 janvier prochain. Deux éléments qui pourraient conduire Gabriel Attal a l’éconduire pour son prochain gouvernement. Pour le remplacer, le nom de l’ancien président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand circule à Matignon.
Bruno Le Maire et Olivier Véran
S’ils font tous deux figure de poids lourds du gouvernement, l’incertitude règne autour de celui qui a ardemment fait campagne pour déménager à Matignon, avant de manifester très fortement son envie de rester en poste à Bercy. En effet, malgré un travail salué par Emmanuel Macron, le volontarisme et les déclarations de Bruno Le Maire auraient «un peu énervé» Alexis Kohler, secrétaire général de l’Elysée, d’après une source interne. Par ailleurs, avec une véritable volonté de renouvellement, personne ne semble intouchable.
La rumeur de l’éviction de Bruno Le Maire serait toutefois «totalement infondée», selon plusieurs proches du ministre. Alors que ce dernier a prôné «la stabilité dans ces périodes de grands bouleversements» Emmanuel Macron pourrait voir les choses du même œil et opter pour la stabilité à Bercy.
Même son de cloche pour Olivier Véran. Fragilisé par son passage à la Santé, puis par ses interventions parfois à contretemps notamment dans l’affaire Crépol, le porte-parole du gouvernement pourrait lui aussi devoir plier bagage. Ses bonnes relations avec Gabriel Attal pourraient toutefois jouer en sa faveur.