Après deux années d’expérimentation, les nouveaux radars en ville vont traquer les excès de vitesse et les feux rouges grillés en jouant à cache-cache.
Attention, demain, tout change en ville avec la mise en service des premiers radars urbains. Ils seront perchés dans des boîtes vitrées compactes sur un mât, le plus souvent à proximité d’un carrefour. En effet, ils remplissent deux fonctions au choix : la traque aux excès de vitesse ou le franchissement au feu rouge. Et parfois même les deux à la fois puisque deux fournisseurs – et donc deux technologies – rivalisent, expose le site spécialisé radar-auto.com.
« Le premier est le Nomad, fabriqué par la société Parifex. Actuellement, une soixantaine de cabines sont installées dans le Territoire de Belfort et dans l’agglomération de Sochaux-Montbéliard. Le second est le Mesta Compact, fabriqué par Idemia. Pour le moment, seule une vingtaine de cabines ont pris place à Toulouse et il y en a également trois à Marseille. »
Mais gageons qu’avec la manne que représentent les recettes des radars leur nombre va ne faire que croître à la limite de l’excès de vitesse. Signalés par de tout petits panneaux carrés de 50 cm de côté, ils seront déployés selon la méthode anglaise, c’est-à-dire qu’ils seront itinérants. Un jour ici, un jour-là, toutes les boîtes que vous croiserez en ville ne seront pas « habitées » selon un ratio de 1 sur 5. Mais l’usager ne le saura pas et lèvera le pied le plus souvent à la hauteur d’une boîte vide. Ingénieux et réellement pédagogique s’ils sont installés aux endroits dangereux.
Or tous les Français sont témoins que, trop souvent, ce n’est pas le cas. Il y a aussi la situation citée par Pierre Chasseray, de 40 Millions d’automobilistes, qui indique : « Le placement dans une zone 30 km/h étant interdit, quelques radars seront installés avant que le décret municipal n’abaisse la limitation de 50 à 30 km/h. Rappelons par ailleurs que la sanction appliquée pour les excès de vitesse inférieurs à 20 km/h dans des zones où la limitation est inférieure ou égale à 50 km/h est de 135 euros, et non 68 euros. »
Vers la suppression des ralentisseurs
Cette situation ubuesque sera pointée par les avocats spécialisés, qui auront tôt fait de remettre le bon radar au milieu du village. En effet, si l’expérimentation relevait jusqu’ici des services de l’État, comme c’est le cas pour les radars automatiques, le projet de loi de finances 2024 prévoit désormais le transfert aux collectivités territoriales, tel que prévu par la loi 3DS sur la décentralisation. Les lieux d’installation restent soumis à un avis favorable de la commission départementale de la sécurité routière, mais les maires auront la tentation de se porter candidats dans l’espoir de nouvelles recettes.
En revanche, on ne peut pas prétendre que ces dispositifs sont inutiles, bien au contraire, car les excès de vitesse existent en ville, où ils sont sanctionnés par la seule amende de 68 euros pour un dépassement jusqu’à 5 km/h au-delà de 50 km/h. Au-dessus de 55 km/h, le retrait de point(s) réapparaît selon le nombre de kilomètre-heure en trop.
On peut se féliciter aussi de la surveillance aux feux, de moins en moins respectés dans certaines cités comme s’il s’agissait, auprès de certains usagers, d’un jeu. Mais le Territoire de Belfort a fait le choix de privilégier la vitesse pour quatre radars sur cinq, un seul étant affecté aux feux.
L’effet induit le plus souhaitable, et qui serait perçu comme un signe positif de cette réforme, serait que ces nouveaux dispositifs supplantent en les éliminant les gendarmes couchés qui barrent les entrées de ville. On avait déjà les radars pédagogiques à l’espagnole, trop rares, les nouveaux radars pourraient aider à supprimer ces diaboliques ralentisseurs casse-voiture et dangereux pour les deux-roues.