La Chambre des Représentants de Floride a approuvé une loi inédite, la « Social Media Use for Minors Bill », visant à restreindre l’accès des mineurs aux réseaux sociaux. Cette décision, qui a obtenu un large soutien, soulève des inquiétudes quant à l’ingérence de l’État dans les choix éducatifs des parents et suscite des débats sur la liberté d’expression.
Mercredi 24 janvier, les législateurs de la Floride ont voté en faveur d’une proposition de loi controversée, la « Social Media Use for Minors Bill », qui vise à limiter l’accès des mineurs aux réseaux sociaux. Cette initiative, qui a recueilli 106 voix pour et 13 contre, fait de la Floride le sixième État américain à légiférer sur l’utilisation des plateformes numériques par les jeunes.
À l’origine de cette proposition de loi, le speaker républicain Paul Renner a salué une « action décisive » pour contrer les effets néfastes des réseaux sociaux sur le développement des enfants. Soutenu par le gouverneur Ron DeSantis, le texte interdit aux moins de 16 ans de créer un compte sur un réseau social, même avec le consentement parental. Les profils existants doivent être supprimés sous peine d’une amende pouvant atteindre 10 000 dollars.
Cependant, la loi suscite des interrogations en raison de sa définition floue des services concernés, qualifiés de « tout forum en ligne, site ou application » utilisant des éléments addictifs, nuisibles ou trompeurs. Certains députés démocrates ont exprimé leurs préoccupations quant à l’ingérence de l’État dans les choix éducatifs des parents, appelant à la mise en place de garde-fous plutôt qu’à l’instauration d’un mur.
La comparaison des réseaux sociaux à de la drogue par la représentante républicaine Fiona McFarland a alimenté les débats. Cependant, la loi exclut curieusement les jeux vidéo et les plateformes de streaming de ses restrictions.
Les géants des réseaux sociaux, dont TikTok, Meta (maison mère de Facebook et Instagram), et X, ont menacé de contester la loi devant la Cour Suprême de Floride, affirmant qu’elle violerait le Premier Amendement de la Constitution des États-Unis et la liberté d’expression.
Cette législation s’inscrit dans une tendance mondiale, avec d’autres États américains adoptant des mesures similaires depuis que l’Utah a ouvert la voie en 2023. Cependant, la Chine a depuis longtemps imposé des restrictions plus strictes sur les plateformes numériques pour protéger les enfants, une approche qui suscite des débats sur la nécessité de réglementer davantage les réseaux sociaux dans le monde entier.
En Europe, le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) permet aux États membres de fixer une « majorité numérique » entre 13 et 16 ans pour restreindre l’accès des mineurs aux réseaux sociaux sans le consentement parental. Cependant, la mise en œuvre de cette directive reste un défi en Europe et aux États-Unis, soulignant la complexité de la régulation de l’âge en ligne.