Suite aux récentes manifestations du monde agricole, le gouvernement français a pris des engagements forts pour lutter contre le contournement de la loi Egalim par de nombreuses grandes enseignes de distribution. Certaines d’entre elles utilisent des centrales d’achat installées en Europe, profitant ainsi de contraintes légales plus souples, ce qui pèse lourdement sur les revenus des agriculteurs.
Afin d’apaiser les tensions dans le secteur agricole, le gouvernement a annoncé une intensification des contrôles sur les centrales d’achat européennes et un doublement des vérifications sur les distributeurs, dans le but de garantir un respect accru de la loi Egalim.
En Europe, plusieurs groupes français, dont Carrefour, Système U, et Leclerc, font appel à ces centrales d’achat pour négocier avec des grossistes, échappant ainsi aux contraintes de la législation française : Carrefour en Espagne avec Eureca, Système U aux Pays-Bas avec Everest, et Leclerc en Belgique avec Eurelec.
Ces alliances avec d’autres groupes européens de la grande distribution permettent de contourner la loi Egalim en appliquant le droit local, générant ainsi un flou législatif préoccupant.
Des investigations menées par nos confrères du Journal de 20H sur TF1 ont conduit jusqu’au siège d’Eurelec à Bruxelles, où un contrat datant de fin 2023 a été obtenu. Ce document confirme explicitement le contournement de la loi Egalim en se référant à la loi belge. Les industriels français dénoncent cette pratique, soulignant l’impact négatif sur les agriculteurs.
Dominique Schelcher, le patron de Système U, a répondu aux questions des journalistes en soulignant la légalité de leur démarche et l’inclusion du respect de la loi Egalim dans leurs contrats. Cependant, des voix parmi les agriculteurs et les experts du secteur dénoncent un processus opaque, mettant en lumière les difficultés rencontrées pour faire respecter les règles du jeu.
Emmanuel Macron, depuis Bruxelles, a insisté sur la nécessité de prévenir tout contournement des règles par les grandes centrales d’achat européennes au niveau de l’Europe. Il a également appelé la Commission européenne à mettre en place des simplifications concrètes en faveur des agriculteurs dès la fin du mois de février.
Cette situation souligne l’urgence d’une action concertée au niveau national et européen pour garantir la protection des agriculteurs face à des pratiques commerciales douteuses.