Le Parlement européen a adopté le règlement Prüm II par 451 voix contre 94, avec 10 abstentions. Ce règlement ouvre la voie à l’utilisation de la reconnaissance faciale pour enquêter sur des délits, marquant un tournant majeur dans la politique de surveillance biométrique de l’Union européenne.
Initialement rejetée par l’UE en raison de préoccupations concernant la vie privée des citoyens, cette utilisation de la technologie de reconnaissance faciale représente désormais l’une des infrastructures de surveillance biométrique les plus étendues au monde. Selon l’organisation European Digital Rights (EDRi), ce procédé soulève des préoccupations majeures quant à la protection de la vie privée.
Le règlement Prüm II autorise les forces de l’ordre à comparer des images fixes provenant de diverses sources, telles que des caméras de vidéosurveillance, des médias sociaux ou des appareils mobiles. Il permet également l’échange de données biométriques entre les autorités nationales, créant ainsi une base de données européenne contenant les visages de millions de citoyens.
Ella Jakubowska, d’EDRi, souligne dans les colonnes de France Soir que ce projet représente la mise en place de la plus vaste infrastructure de surveillance biométrique jamais conçue, mettant ainsi en danger la vie privée des citoyens européens.
Une critique majeure à l’encontre du règlement Prüm II est le manque de protections adéquates pour limiter l’utilisation des données faciales et restreindre leur partage en fonction de la gravité du délit. Cela ouvre la porte à la possibilité pour un pays de demander des informations sur le visage de nombreuses personnes pour des délits mineurs.
Dans sa décision finale, le Parlement européen a stipulé que les demandes d’informations devraient concerner des délits passibles d’une peine d’emprisonnement d’au moins un an, et que la législation devrait expressément mentionner la protection des droits fondamentaux et l’échange proportionné d’informations.
Une autre critique concerne le fait que le règlement Prüm II permettra aux autorités d’un pays de demander des informations à la police d’un autre pays sans obligation de se connecter aux systèmes des autres États, soulevant ainsi des inquiétudes sur la coordination et la sécurité des données.