Dans le paysage politique américain, l’histoire tumultueuse de Donald Trump semble prendre une tournure surprenante. Inculpé quatre fois au pénal, confronté à deux procédures de destitution, et déclaré politiquement mort à maintes reprises, l’ancien président des Etats-Unis est en passe de décrocher une nouvelle fois les clés de la Maison Blanche.
Après avoir remporté de manière éclatante les primaires de son parti, le septuagénaire au tempérament tempétueux est désormais assuré d’être, pour la troisième fois, le candidat républicain à l’élection présidentielle américaine. Face à Joe Biden, critiqué pour son âge, sa sénilité aussi, Donald Trump est même donné gagnant dans la plupart des sondages, malgré un parcours semé d’embûches.
Julian Zelizer, politologue à l’université de Princeton, qualifie ce choix des républicains de « stupéfiant ». « On a un parti qui a choisi un candidat qui a accumulé les ennuis politiques en tant que président, enchaîne les tracas judiciaires depuis qu’il a quitté le pouvoir, et n’a pas été réélu en 2020 », analyse-t-il.
La stratégie de Donald Trump pour éviter le naufrage semble claire. Dès ses débuts en politique, l’ex-homme d’affaires a joué la carte du candidat antisystème, outrancier et provocateur. Et malgré les multiples controverses, le candidat a su capitaliser sur son image de victime d’une prétendue « chasse aux sorcières » orchestrée par des « marxistes et fascistes » à la solde de Joe Biden.
Bien que dépourvu de preuves pour étayer ses accusations, la rhétorique s’avère efficace. Deux procédures de destitution, une attaque contre le Congrès américain par ses partisans, des déclarations fiscales douteuses et quatre inculpations au pénal n’ont pas entamé l’influence de Trump, comme s’il avait acquis une sorte d’immunité politique.
Cependant, ses détracteurs mettent en garde contre un triomphe prématuré. Les conservateurs ont largement perdu tous les scrutins nationaux depuis l’avènement de Trump, un argument souligné par Nikki Haley, ancienne rivale républicaine aux primaires. Refusant de soutenir la candidature de l’ancien président face à Joe Biden, Haley défie ainsi la tradition.
De plus, Joe Biden (81 ans), souvent sous-estimé, a prouvé jadis sa capacité à le battre. Les ennuis judiciaires de Trump, bien que favorables à sa campagne en termes de financement, pourraient s’avérer être une épée à double tranchant. Les sondages montrent que son soutien pourrait diminuer considérablement s’il était condamné.
Le premier procès de Donald Trump débutera le 25 mars à New York, suivi de rendez-vous judiciaires en Floride et, potentiellement, à Washington. Avec la perspective d’un verdict avant l’élection présidentielle du 5 novembre, l’inoxydabilité apparente de Donald Trump pourrait être mise à l’épreuve une fois de plus. Le pays attend avec impatience le dénouement de cette saga politique aussi fascinante qu’inattendue.