Dans un discours prononcé à la Sorbonne, Emmanuel Macron a brossé un portrait sombre de l’avenir de l’Europe, la qualifiant de « mortelle » et soulignant le risque de la voir reléguée dans un contexte de concurrence mondiale accrue.
Sept ans après son premier discours à la Sorbonne en 2017, le président de la République a de nouveau plaidé en faveur d’une « Europe puissance » et appelé à un sursaut des Vingt-Sept d’ici à 2030.
Emmanuel Macron a mis en garde contre une Europe « en situation d’encerclement » par d’autres grandes puissances, soulignant que les valeurs de la démocratie libérale européenne étaient de plus en plus critiquées et contestées. Il a également souligné la nécessité pour l’Europe de reprendre son autonomie stratégique et de se faire respecter sur la scène internationale.
Un des points cruciaux de son discours a été la question de la défense européenne. Le chef de l’Etat a plaidé en faveur d’un concept stratégique de défense crédible et a appelé à un renforcement de l’industrie de défense européenne. Il a même suggéré la possibilité d’un emprunt européen pour investir dans l’armement, bien que cette proposition puisse rencontrer des réticences, notamment en Allemagne.
Sur le plan financier, Emmanuel Macron a proposé d’intégrer des objectifs de croissance et de décarbonation dans les missions de la Banque centrale européenne (BCE) et a réclamé un « choc d’investissements communs » avec un doublement de la capacité d’action financière de l’UE. Il a insisté sur la nécessité de réviser la politique commerciale de l’Europe, soulignant que les règles du commerce ne sont plus respectées par des pays comme la Chine et les États-Unis.
En matière de numérique, le président de la République s’est prononcé en faveur de l’instauration d’une majorité numérique à quinze ans dans l’UE ainsi que d’un contrôle parental strict pour les jeunes utilisateurs des réseaux sociaux.
Ce discours a été largement interprété comme une entrée en campagne électorale pour Macron, alors que les élections européennes approchent. Bien que l’Élysée nie toute tactique électoraliste, ses adversaires politiques voient dans ce discours une tentative de redorer son image alors que les sondages placent la liste du Rassemblement National largement en tête. Les Républicains ont demandé jeudi à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) ainsi qu’à l’Arcom de prendre en considération ce discours dans le calcul des dépenses de la campagne de Renaissance.