Ce jeudi 2 mai, le gouvernement français s’apprête à dévoiler un nouveau plan national de lutte contre la prostitution, avec un accent particulier sur la situation grave de la prostitution des mineurs.
Huit ans après l’instauration de la loi prostitution, qui avait criminalisé les clients, cette nouvelle initiative vise à renforcer les mesures existantes et à s’adapter aux évolutions récentes, notamment le développement de la prostitution en ligne.
Aurore Bergé, ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, sera à la tête de cette présentation. Selon ses proches collaborateurs, l’objectif principal est de réaffirmer l’application de la loi de 2016 tout en tenant compte des nouveaux défis posés par les formes émergentes de prostitution, notamment sur les plateformes numériques.
Une attention particulière sera accordée à la prostitution des mineurs, une réalité en constante augmentation ces dernières années. Malgré un précédent plan national en 2021, le nombre de mineurs impliqués dans la prostitution aurait plus que doublé, atteignant entre 7 000 et 10 000 cas en France. Les mineurs placés sous la protection de l’aide sociale à l’enfance sont particulièrement vulnérables à cette exploitation.
Le bilan de la loi de 2016, qui avait abrogé le délit de racolage au profit de la pénalisation des clients, est mitigé. Certains critiques pointent du doigt une application inégale de cette loi sur le terrain, tandis que d’autres regrettent son inefficacité face aux nouvelles réalités de la prostitution, notamment en ligne. Des rapports officiels soulignent un manque de coordination nationale et des lacunes dans les campagnes de sensibilisation du public.
Le débat autour de ce nouveau plan risque de raviver les oppositions entre les partisans de l’abolition de la prostitution et les anti-abolitionnistes. Si les premiers saluent les mesures visant à protéger les personnes prostituées, les seconds craignent une approche idéologique qui pourrait négliger les réalités du terrain. Elisa Koubi, coordinatrice du syndicat du travail sexuel (Strass), met en garde contre une augmentation de la violence envers les travailleurs du sexe depuis l’instauration de la loi de 2016.
Dans ce contexte, certaines organisations regrettent de ne pas avoir été consultées par le gouvernement dans l’élaboration de ce nouveau plan national. Pour Sarah-Marie Maffesoli, coordinatrice chez Médecins du Monde, il est nécessaire de se concentrer sur la situation des personnes concernées sur le terrain plutôt que de privilégier une approche purement idéologique.