La Nouvelle-Calédonie, archipel français situé dans le Pacifique Sud, est secouée par une vague de violence sans précédent. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé plus de 206 interpellations, tandis que dix leaders présumés de la Cellule de coordination des actions sur le terrain (CCAT) ont été assignés à résidence.
Ces événements surviennent dans un contexte tendu alors que le gouvernement déploie des mesures pour protéger les habitants de l’archipel.
Selon les déclarations du porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, ce déchaînement de violence a entraîné la mort de cinq personnes, dont deux gendarmes, une situation qualifiée d' »inouïe » par ce dernier. En réponse à ces troubles, les autorités ont mis en place un dispositif de sécurité renforcé, comprenant notamment l’état d’urgence, l’interdiction de consulter TikTok et le déploiement de forces armées supplémentaires pour rétablir l’ordre.
Le ministre de l’Intérieur a attribué ces heurts à la CCAT, qu’il qualifie d’organisation criminelle, dénonçant ses activités de pillage, de meurtres et de violence. La CCAT, lancée à la fin de l’année 2023, regroupe plusieurs syndicats et mouvements indépendantistes, dont la CNTP, l’USTKE, l’Union calédonienne, le parti travailliste et le MOI. Son objectif déclaré est de promouvoir l’accession à la pleine souveraineté de la Nouvelle-Calédonie, rebaptisée Kanaky par les indépendantistes depuis les années 1970.
Les tensions politiques dans l’archipel sont exacerbées par un projet de réforme du corps électoral calédonien, prévoyant notamment l’élargissement des listes électorales provinciales. Les indépendantistes craignent que cette réforme ne marginalise leur voix politique. Cette situation révèle les profondes divisions historiques et culturelles qui persistent sur le territoire depuis l’arrivée des colons français en 1853.
En effet, bien que la Nouvelle-Calédonie soit devenue officiellement française à cette date, les Kanaks, peuple autochtone de l’archipel, sont présents sur l’île depuis des siècles. Les relations entre les colons et les Kanaks ont été marquées par des conflits et des injustices, notamment la relégation forcée des Kanaks dans des réserves au cours des opérations de colonisation.
Ces tensions ont donné lieu à des soulèvements sporadiques au fil des décennies, tels que la révolte de 1878 suite à la découverte de gisements de nickel, ou encore les manifestations de 1917 contre l’envoi de Kanaks dans l’armée française pendant la Première Guerre mondiale. Plus récemment, la création de mouvements indépendantistes comme le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) en 1979 témoigne de la volonté persistante des Kanaks de revendiquer leur souveraineté.
Dans ce contexte, la CCAT affirme sa détermination à poursuivre son action en faveur de l’indépendance de Kanaky, malgré les répressions et les obstacles rencontrés. La situation en Nouvelle-Calédonie reste incertaine.