Le Front de libération national kanak socialiste (FLNKS), principal parti indépendantiste de Nouvelle-Calédonie, a adressé une demande pressante au président Emmanuel Macron : renoncer explicitement à la convocation du Congrès pour adopter une réforme électorale controversée. Ce courrier, consulté par Quotidien Libre, intervient dans un climat de tensions exacerbées sur l’archipel.
Dans son courrier, le FLNKS appelle Emmanuel Macron à être « explicite dans ses propos en affirmant clairement qu’il ne convoquera pas le Congrès de Versailles et abandonne par conséquent (la) réforme constitutionnelle ». Selon le bureau politique du FLNKS, une telle déclaration serait décisive pour « apaiser les tensions actuelles » et permettre la reprise des discussions sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie.
Le projet de réforme constitutionnelle, visant à modifier le corps électoral pour les élections provinciales, a été voté par le Sénat et l’Assemblée nationale. Cette réforme est perçue par les indépendantistes comme une menace à la représentation de la population autochtone kanak. Les manifestations contre cette réforme ont entraîné des émeutes violentes, avec un bilan de sept morts, des centaines de blessés et des dégâts matériels considérables évalués à un milliard d’euros.
Lors de sa visite en Nouvelle-Calédonie le 23 mai, Emmanuel Macron avait déclaré qu’il n’y aurait « pas de passage en force » pour faire adopter la réforme, mais qu’il n’y aurait pas non plus de « retour en arrière ». Ces propos, jugés ambigus par le FLNKS, n’ont pas réussi à dissiper les inquiétudes des militants indépendantistes.
Ces propos restent malheureusement incompris sur le terrain, puisqu’ils ne garantissent en aucune manière l’abandon de la réforme constitutionnelle litigieuse
souligne le FLNKS dans sa lettre.
Les autorités ont annoncé que la ville de Nouméa était repassée « en totalité » sous contrôle des forces de l’ordre. Cependant, des barrages persistent et les militants indépendantistes restent mobilisés. L’aéroport international demeure fermé depuis le début des violences et un couvre-feu nocturne est maintenu jusqu’au 10 juin.
Le FLNKS estime qu’une prise de position claire de la part d’Emmanuel Macron pourrait désamorcer la crise et ouvrir la voie à de nouvelles discussions sur l’avenir de l’archipel. Pour l’instant, la situation reste précaire et les appels au calme peinent à être entendus sans un geste fort du gouvernement français.