La tension monte dans la première circonscription de la Somme à l’approche du second tour des élections législatives. La candidate du Rassemblement National, Nathalie Ribeiro-Billet, a récolté 40 % des voix au premier tour, devançant de sept points le député sortant de La France Insoumise, François Ruffin. Ce dernier n’a que trois jours pour convaincre les électeurs de la candidate macroniste, Albane Branlant, qui s’est désistée après être arrivée en troisième position.
Tourner à gauche quand votre GPS politique vous a toujours indiqué la droite, ce n’est pas si facile. Exemple dans la Somme où François Ruffin, adversaire déclaré du capitalisme, est en grande difficulté face à Nathalie Ribeiro-Billet. Sept points de retard, un gouffre qu’il espère combler grâce aux voix des électeurs macronistes, orphelins après le désistement d’Albane Branlant, candidate Ensemble arrivée troisième.
Amiens, la capitale de la Somme, célèbre pour ses briques rouges et sa majestueuse cathédrale, est aujourd’hui marquée par l’embarras des électeurs macronistes comme Sébastien, un comptable de 55 ans :
Je ne suis pas pour le Rassemblement National, je n’avais pas prévu non plus de voter pour La France Insoumise. Quand on entend Mr Ruffin, casser du patron je suis pas complètement d’accord. Mon corps de métier, ce sont des TPE et des PME. Dieu seul sait que sont des gens très courageux, c’est pas des multinationales. Et l’amalgame peut être parfois agaçant.
Agaçant, comme les manœuvres politiques, dit-il, et les consignes de vote. Jeanne, 45 ans, professeure dans un lycée, ne cache pas son rictus :
C’est ce côté excessif et LFI met de l’huile sur le feu. Et je trouve pas que ce soit républicain. Les comportements à l’Assemblée ou autre qui me semblent inacceptables en démocratie. Je ne sais pas encore si je vais voter blanc ou si je vais voter contre le RN.
Le dilemme des électeurs macronistes reflète une problématique plus large : comment choisir entre un candidat aux convictions tranchées contre le capitalisme et une candidate d’extrême droite ? Le choix est particulièrement complexe pour ceux qui ne se reconnaissent pleinement ni dans l’un ni dans l’autre.
Le ni-ni jusqu’au bout, jusqu’au matin du second tour où Jeanne, ainsi que beaucoup d’autres, devra finalement trancher. « Je finirai par voter ce que préconise ma candidate, » lâche-t-elle du bout des lèvres, laissant entrevoir une possible adhésion aux consignes de vote contre le RN.
François Ruffin a devant lui une tâche ardue : convaincre en quelques jours les électeurs déçus par la politique en place mais réticents à se tourner vers l’extrême gauche. Son discours devra se modérer pour attirer les indécis tout en restant fidèle à ses principes. Nathalie Ribeiro-Billet, quant à elle, peut se réjouir de son avance mais doit se préparer à une contre-offensive acharnée.
Le second tour s’annonce donc déterminant pour l’avenir politique de cette circonscription de la Somme. Dans ce climat tendu, chaque voix comptera et les décisions prises dans l’isoloir refléteront le choix entre deux visions diamétralement opposées de la société.