Une date clé pour l’archipel des Marquises, l’un des joyaux de la Polynésie française, qui espère une inscription au patrimoine mondial de l’Humanité par l’UNESCO. Cette décision est jugée essentielle par les partisans de cette initiative pour la préservation des richesses culturelles et naturelles uniques de cet archipel.
Te Henua Enata, signifiant « la Terre des Hommes » en marquisien, vise une reconnaissance mixte, couvrant à la fois les aspects naturels et culturels des îles. Ce classement concernerait une vaste superficie, englobant des zones maritimes et terrestres réparties sur plusieurs îles de l’archipel.
Les six maires des îles marquisiennes participeront à la 46e session du Comité du patrimoine mondial qui se tient à New Delhi du 23 au 31 juillet. Leur objectif est de défendre notamment l’art du tiki, une représentation humaine stylisée emblématique de la culture marquisienne, ainsi que le talent des tatoueurs et sculpteurs locaux.
« Toute la culture marquisienne repose sur sa nature, » souligne Tahiaee Teikikaine, la coordinatrice des ambassadeurs de l’UNESCO aux Marquises. « Il y a des aliments uniques à ces îles, comme le chiton, un mollusque marin préhistorique. »
Pour le maire de Nuku Hiva, Benoît Kautai, la protection des sites archéologiques est primordiale. « Nous avons une grande richesse de plantes et d’oiseaux endémiques comme le upe de Nuku Hiva, le pihiti de Ua Huka et le monarque de Fatu Hiva, » explique-t-il. « Le classement à l’UNESCO pourrait aider à protéger cette biodiversité unique. »
L’archipel a également des projets de zones de pêche réglementées et de mouillages écologiques pour favoriser une gestion locale des actions culturelles et environnementales, selon Cannelle Teao Billard, coordinatrice patrimoniale de la Communauté de communes des îles Marquises.
L’inscription au patrimoine mondial est perçue comme un label permettant de solliciter d’autres organisations internationales pour préserver les biens naturels et culturels des Marquises, tout en espérant un développement touristique maîtrisé. Actuellement, l’archipel accueille entre 15.000 et 20.000 touristes par an, un chiffre que les autorités locales estiment pouvoir doubler, soutient Benoît Kautai, tout en rassurant que l’accès difficile aux îles empêchera un afflux massif de visiteurs.
Cependant, pour Tahiaee Teikikaine, la préservation de la culture marquisienne est l’objectif principal. « La langue marquisienne, les chants, la danse, la cuisine, et les techniques de pêche ancestrales se perdent, » se désole-t-elle. « Si tout cela s’est en partie perdu en trente ans, qu’en sera-t-il dans trente ans ? »
Le dossier de candidature, porté depuis trente ans par la société civile marquisienne et soutenu par l’État français, bénéficie d’une enveloppe de 242 millions de francs (deux millions d’euros) via le Fonds vert pour la gestion du bien inscrit au patrimoine mondial, précise Anatauarii Tamarii, archéologue en charge du volet culturel du dossier.
La décision de l’UNESCO interviendra à la veille d’un autre événement majeur pour la Polynésie française : le lancement des épreuves de surf des Jeux Olympiques le 27 juillet à Teahupoo, sur la presqu’île de Tahiti. Une reconnaissance mondiale serait un double coup de projecteur pour la région, renforçant son rayonnement international.