Un proche du président de la République l’a affirmé sans détour dans la presse : « En fait, le meilleur candidat au poste de Premier ministre, c’est Emmanuel Macron lui-même. » Cette déclaration, qui aurait pu passer pour une boutade, soulève en réalité une question constitutionnelle et politique d’une gravité inédite. Est-il envisageable qu’Emmanuel Macron devienne son propre Premier ministre ?
Derrière cette idée, certains voient le reflet du narcissisme d’Emmanuel Macron. Pourtant, aussi farfelue qu’elle puisse paraître, cette hypothèse est tout à fait légale. En effet, la Constitution française n’interdit pas au Président de nommer un citoyen déjà élu président au poste de Premier ministre. Cependant, cette possibilité reste jusqu’ici largement théorique et, en pratique, serait perçue comme un acte d’une audace rare, susceptible de provoquer une crise institutionnelle majeure.
Emmanuel Macron, régulièrement critiqué pour son goût exacerbé du pouvoir, pourrait être tenté par cette option. En se nommant lui-même au poste de Premier ministre, il aurait les mains libres pour gouverner sans recourir à l’article 16 de la Constitution, qui confère les pleins pouvoirs au président en cas de crise grave. Cependant, un tel geste serait perçu comme un abus de pouvoir, renforçant l’image d’un dirigeant autoritaire.
Si Emmanuel Macron optait pour cette solution, nombreux seraient les déçus. Gabriel Attal, en tête des sondages pour succéder à l’actuel Premier ministre, verrait ses espoirs anéantis. Les autres prétendants, qu’ils soient officiellement déclarés ou non, pourraient également se retrouver sur la touche. Lucie Castets, Valérie Pécresse, Xavier Bertrand, Éric Ciotti, Laurent Wauquiez ou encore Bernard Cazeneuve, tous des figures politiques de premier plan, auraient de bonnes raisons d’être irrités. Chacun d’eux incarne une tendance, un projet, une ambition pour la France. Leur mise à l’écart au profit de Macron lui-même ne manquerait pas de provoquer des remous, voire des fractures au sein de leurs propres camps.
Au-delà de ces figures bien connues, Emmanuel Macron pourrait surprendre en choisissant un « non-politique » pour Matignon. L’idée, bien que peu orthodoxe, ne serait pas sans précédent dans la Ve République. Le nom d’Alexandre Benalla, ancien proche collaborateur du chef de l’Etat, a même été évoqué de manière ironique. Bien que peu probable, cette possibilité montre à quel point la situation actuelle est marquée par l’incertitude et les spéculations.
Quelles que soient ses intentions, Emmanuel Macron semble se diriger vers une décision qui, d’une manière ou d’une autre, laissera des traces profondes dans le paysage politique français. Choisira-t-il de nommer un fidèle lieutenant, un outsider ou osera-t-il se nommer lui-même ? Dans tous les cas, il devra composer avec les réactions d’une classe politique instable et d’une opinion publique de plus en plus critique.
Alors que la France traverse une période de crise profonde, marquée par des tensions sociales et politiques, cette décision pourrait bien devenir un tournant décisif. Une chose est sûre, Emmanuel Macron, en stratège avisé ou en narcissique assumé, prépare un coup de théâtre dont l’issue reste encore incertaine. La seule certitude : cette décision fera des vagues, tant en France qu’à l’international. Comme le diraient nos voisins anglo-saxons, « Wait and see ».