Pour la première fois en près de 80 ans de partenariat, les chefs des services de renseignement américains et britanniques, William Burns (CIA) et Richard Moore (MI6), ont fait une apparition publique commune lors du FT Weekend Festival à Londres. Lors de cette rencontre exceptionnelle, les deux responsables ont discuté des enjeux géopolitiques actuels, mettant l’accent sur la Russie et la guerre en Ukraine, tout en abordant de manière plus succincte les questions liées à la Chine et au terrorisme islamiste.
Avant leur apparition publique, William Burns et Richard Moore avaient publié une chronique conjointe dans le Financial Times, soulignant comment leurs agences respectives « gardaient une longueur d’avance dans un monde incertain ». Les chefs de la CIA et du MI6 y ont exprimé leur inquiétude face aux menaces pesant sur l’ordre mondial international, qualifiant cette période de la plus périlleuse depuis la Guerre froide.
Lors de leur discours à Londres, les deux responsables ont mis en avant le défi posé par la Russie. « La CIA et le SIS (Secret Intelligence Service) s’unissent pour résister à une Russie agressive et à la guerre d’agression de Poutine en Ukraine », ont-ils écrit dans leur article. Selon William Burns, « le tyran Poutine va continuer à faire des coups d’éclat », une déclaration faisant référence aux récentes menaces nucléaires émanant du Kremlin, notamment avec la révision de sa doctrine nucléaire.
Le chef de la CIA a également évoqué une situation particulièrement tendue à l’automne 2022, lorsque la Russie semblait prête à utiliser des armes nucléaires tactiques. Toutefois, il a précisé que ces craintes ne seraient plus d’actualité aujourd’hui, même si des tensions persistent, notamment avec l’avancée des forces ukrainiennes dans des territoires russes comme Koursk.
Richard Moore, quant à lui, a préféré temporiser, en soulignant qu’il était « trop tôt » pour tirer des conclusions définitives sur l’évolution de la situation militaire. Il a cependant reconnu l’impact psychologique des récentes avancées ukrainiennes sur le récit de guerre de Vladimir Poutine.
Malgré l’accent mis sur la Russie, les deux directeurs ont également évoqué la Chine comme étant le « principal défi géopolitique du 21e siècle ». Ils ont expliqué que leurs agences ont réorganisé leurs services pour répondre à cette priorité, notamment en renforçant leur avantage technologique. Richard Moore et William Burns ont cependant été moins prolixes sur ce sujet lors de leur apparition publique, laissant de côté les détails sur la stratégie occidentale face à la montée en puissance de Pékin.
Malgré la rareté de cette rencontre publique, les échanges entre les chefs du MI6 et de la CIA sont restés largement convenus, sans révélation majeure. La discussion a suivi les lignes directrices des positions occidentales déjà bien établies : une Russie agressive et imprévisible sous le leadership de Vladimir Poutine et une Chine représentant un défi stratégique de longue haleine, notamment avec le développement de l’intelligence artificielle.
Interrogés sur d’autres sujets d’actualité, comme la situation à Gaza ou la menace terroriste, les chefs des agences de renseignement ont souligné leur coopération continue pour « apaiser les tensions » dans ces régions, sans toutefois apporter de nouveaux éléments à la discussion.