L’attente se prolonge alors que la France attend de connaître la composition du nouveau gouvernement dirigé par Michel Barnier. Jamais, sous la Ve République, un Premier ministre n’a mis autant de temps pour former son équipe ministérielle après son arrivée à Matignon.
Dans cette course aux portefeuilles ministériels, les membres du parti Les Républicains (LR) sont parmi les plus pressés à frapper aux portes de Matignon. Malgré leur faible représentation à l’Assemblée nationale, avec seulement 47 députés, certains élus LR n’hésitent pas à revendiquer des postes clés, tels que ceux de l’Économie ou de l’Intérieur. Cela crée des tensions, en particulier avec les autres camps politiques, notamment au sein de la coalition présidentielle, où l’aile gauche se montre sceptique. À la Fête de l’Humanité, Manuel Bompard, figure de La France insoumise, a appelé à la « censure » et à la « destitution » du gouvernement à venir.
Nommé Premier ministre début septembre, Michel Barnier fait face à une tâche complexe : former un gouvernement capable de rassembler un maximum de forces politiques, de la droite à la gauche. Bien qu’il bénéficie du soutien des Républicains et d’une partie de la coalition présidentielle, son profil jugé trop droitier suscite la méfiance à gauche. La formation du « Nouveau Front populaire » (NFP), qui regroupe La France insoumise, le Parti communiste et d’autres forces politiques su genre, s’oppose fermement à lui et promet de déposer une motion de censure dès la formation du gouvernement.
Le Rassemblement national (RN), quant à lui, semble adopter une posture d’attente. Si le parti d’extrême droite ne s’oppose pas d’emblée à Michel Barnier, il se réserve le droit de voter une motion de censure en cas de désaccord sur les premières orientations du gouvernement.
La droite républicaine aux avant-postes
Parmi les personnalités pressenties pour rejoindre le gouvernement, de nombreux noms viennent de la droite républicaine. Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, et Laurent Wauquiez, président des députés LR, sont évoqués pour des postes stratégiques comme celui de ministre de l’Intérieur ou de l’Économie. Frédéric Péchenard, ancien directeur général de la police nationale, est également mentionné pour la place à l’Intérieur, selon Le Point.
D’autres personnalités comme Annie Genevard (secrétaire générale de LR), David Lisnard (maire de Cannes) et Philippe Juvin (député et médecin) sont également en lice pour rejoindre le gouvernement dans des ministères clés.
La coalition présidentielle divisée
Au sein de la majorité présidentielle, la nomination de Michel Barnier est loin de faire l’unanimité. Si les élus issus de la droite, comme ceux du parti Horizons, saluent sa nomination, les figures de l’aile gauche de la Macronie, elles, se montrent plus réticentes. Des personnalités comme Karl Olive, député des Yvelines, ont fait part de leur disponibilité, mais les discussions semblent plus complexes à gauche.
Une fois son gouvernement formé, Michel Barnier devra rapidement faire face à une motion de censure déposée par les oppositions. La majorité fragile à l’Assemblée nationale laisse présager une bataille politique tendue. S’il veut rester en poste, le nouveau Premier ministre devra habilement négocier et obtenir le soutien d’un large spectre de députés.
Avec des dossiers urgents à traiter, notamment le vote du budget pour 2025, Michel Barnier ne peut se permettre de perdre du temps. Son discours de politique générale, attendu début octobre, sera une première épreuve de feu. S’il réussit à rallier une majorité, il pourra alors se concentrer sur la mise en œuvre de ses réformes. Sinon, une période d’instabilité pourrait s’ouvrir en politique comme dans la société.