Et si la vraie révolution, pour l’été prochain, résidait dans l’art de rendre l’invisible palpable ? Dans un monde où les innovations technologiques et artistiques redéfinissent nos perceptions, une nouvelle ère s’ouvre, celle où l’immatériel devient la matière première des créateurs.
Vendredi dernier, la maison Loewe a frappé fort durant la Fashion Week de Paris. Jonathan Anderson, son directeur artistique, a enthousiasmé les journalistes avec une collection hors du temps.
Imaginez des robes fleuries suspendues dans les airs, balancées par des cerceaux visibles. Un hommage inattendu à la crinoline, ce vestige du XVIIIe siècle qui, sous la main de Jonathan Anderson, retrouve vie avec une modernité déconcertante.
On connaît le créateur pour ses explorations avant-gardistes, mais cette fois, il a franchi une nouvelle étape :
Vous avez la structure, mais en même temps l’idée de quelque chose qui est en mouvement constant,
confiait-il après le défilé.
De la mode qui respire, littéralement. Une prouesse technique qui semble presque simple dans sa description – « seulement deux pièces de tissu » – mais dont l’effet visuel laisse sans voix.
Les robes du soir, parsemées de paillettes bleu cobalt ou gris granit, portaient ce même esprit léger. Pourtant, Loewe n’a pas oublié ses racines plus « terre à terre » avec des pièces comme un pantalon en cuir crème ou une veste motard transformée en cape. L’art de marier ciel et terre, poésie et pragmatisme.
En front row, Luca Guadagnino et Daniel Craig « sirotaient » cette expérience visuelle. L’ex agent 007, récemment égérie de Loewe, sera bientôt à l’écran dans « Queer », un film pour lequel Jonathan Anderson a signé les costumes. Une rencontre entre cinéma, mode et une vision partagée de la fluidité des genres.
Issey Miyake : L’élégance du papier
À quelques kilomètres de là, la maison Issey Miyake offrait un tout autre voyage. Sous la direction de Satoshi Kondo, la collection printemps-été s’est dépliée comme un origami délicat, dans les jardins apaisés du parc floral de Paris. Ici, l’inspiration venait du « washi », ce papier traditionnel japonais, fin et résistant à la fois, que Satoshi Kondo a transformé en robes et vestes minimalistes.
Il y avait une dimension tactile dans chaque vêtement, un appel à redécouvrir le « toucher ». Ces créations si légères qu’elles semblent pouvoir se déchirer à tout moment incarnent la fragilité et la force, un contraste cher à la maison japonaise.
Nina Ricci, Vetements et Yohji Yamamoto : Entre futur et nostalgie
Pendant ce temps, chez Nina Ricci, Haris Reed tentait de réinventer une Lolita contemporaine. Pourtant, malgré les pois, les lunettes oversize et le chapeau noir emblématique, la magie n’a pas opéré. Un premier défilé qui laisse sur sa faim, comme une promesse non tenue.
À l’opposé, Vetements a choisi de casser les codes avec un défilé hors norme. Des stars en pagaille, de Travis Scott à Gigi Hadid, en passant par Marcia Cross… toutes et tous ont déambulés dans des créations punk et déjantées. Mention spéciale à Gigi Hadid, enveloppée dans une robe en scotch DHL – un clin d’œil irrévérencieux à l’ère du tout-livré. Vêtements reste fidèle à son chaos contrôlé, avec une énergie brute qui choque autant qu’elle séduit.
Quant à Yohji Yamamoto, il opte pour le contraste absolu : un noir et blanc radical, jouant avec les ombres et la lumière. Un minimalisme poétique qui s’impose, saison après saison, comme un hommage à l.
Victoria Beckham : L’élégance déstructurée
Mais c’est peut-être Victoria Beckham qui a surpris le plus. Présentant sa collection dans le cadre du château de Bagatelle, la célèbre créatrice a montré une autre facette de son talent. Loin de l’image lisse de Posh Spice, Victoria Beckham s’est attelée à déconstruire les tailleurs féminins, déchirant ainsi les épaules, fendus jusqu’à la jambe dans un geste de rage maîtrisée. Comme si elle avait décidé de tout envoyer valser.
Le clou du spectacle ? Une soirée intime éclairée à la bougie dans ce même château, où l’ex-Spice Girl a accueilli l’élite de la mode dans une atmosphère aussi mystérieuse que raffinée.
Cette semaine de la mode aura rappelé une chose : la mode n’est plus seulement une affaire de vêtement, mais une expérience sensorielle, un moment suspendu. Que ce soit sous les créations flottantes de Loewe, la poésie du papier chez Issey Miyake, ou le chaos orchestré chez Vetements, chaque créateur cherche à dépasser les frontières du tangible pour toucher quelque chose de plus intime, de plus profond.