Alors que le gouvernement Barnier vient tout juste de prendre ses fonctions, une ombre plane déjà sur son mandat : la gestion du budget national. À la lumière des dernières données de l’Insee, qui indiquent une dette publique atteignant 112 % du PIB — soit 3 228,4 milliards d’euros — il est impossible d’ignorer l’ampleur de la crise financière qui s’installe durablement en France.
Le chiffre est alarmant. Et il témoigne d’une réalité bien plus complexe qu’une simple statistique. Entre avril et juin 2024, la dette a augmenté de 68,9 milliards d’euros. Cette explosion du déficit, qui pourrait atteindre plus de 6 % du PIB d’ici la fin de l’année, est le résultat direct d’une gestion financière douteuse par le précédent gouvernement. Accusé de trop d’optimisme, ce dernier a bâti le budget 2024 sur des prévisions de croissance irréalistes, ignorantes des défis économiques actuels.
Jean-François Husson, sénateur et rapporteur général du budget, a été très clair dans son analyse. Le précédent gouvernement a voté un budget en connaissance de cause, mais sans légitimité une fois la dissolution intervenue. Une critique qui, au-delà des attaques politiques, met en lumière un problème systémique : la difficulté de nos gouvernants à anticiper et à s’adapter à une conjoncture économique en perpétuelle évolution.
À l’aube de la présentation du projet de loi de finances pour 2025, le nouveau gouvernement se retrouve à un carrefour décisif. Avec des économies nécessaires et des hausses fiscales à envisager, les discussions sur les réformes fiscales vont inévitablement diviser l’opinion publique. Les choix à venir, notamment une fiscalité accrue pour les plus riches et les grandes entreprises, soulèvent des questions fondamentales sur la justice sociale et l’équité fiscale.
Claude Raynal, président de la commission des finances du Sénat, n’hésite pas à dénoncer l’électoralisme ambiant de certains acteurs politiques qui pensent pouvoir redresser la situation sans réformer la fiscalité. Mais la réalité est là : il est illusoire de penser que la France pourra naviguer sur ces eaux troubles sans modifications structurelles.
Ajoutons à cela que le coût d’emprunt de la dette française dépasse maintenant celui de l’Espagne ou du Portugal. Cette situation est d’autant plus critique que la France se trouve en procédure de déficit excessif, devant présenter une feuille de route à Bruxelles d’ici à la fin du mois d’octobre. Les experts, déjà sceptiques quant à la capacité du gouvernement à respecter ses engagements de réduction du déficit à 3 % d’ici à la fin du quinquennat, font entendre des voix de plus en plus alarmantes.
La tâche qui attend le gouvernement Barnier est immense et les défis multiples. En fin de compte, la façon dont ce nouveau gouvernement abordera ces enjeux déterminera non seulement sa légitimité, mais également l’avenir économique de la France. Les choix faits dans les semaines à venir entraîneront des répercussions bien au-delà des simples chiffres du budget. Ils pourraient bien redéfinir le paysage économique et social de la France.