Ce dimanche 13 octobre à Marseille, c’est dans la ferveur d’une messe dominicale, que de nombreux Marseillais ont rendu hommage à l’art ancestral des santons. Pour la première fois, dans une démarche à la fois spirituelle et temporelle, les ateliers de fabrication de santons Carbonel ont reçu une bénédiction, en un geste symbolique fort pour cet art sacré de Provence.
Les santonniers sont des artisans héritiers d’un savoir-faire plusieurs fois centenaire. Cependant, ils n’avaient encore jamais vu leurs créations placées sous la protection divine de manière aussi solennelle. Ce dimanche 13 octobre, après une messe célébrée en l’église abbatiale de Saint Victor, dans le respect des traditions provençales, c’est en procession que le père Lucchesi, entouré d’Hugo et Baptiste Vitali, propriétaires des Santons Carbonel, d’élus locaux, et même de jeunes enfants de chœur, s’est rendu jusqu’à l’atelier des Santons, situé dans le 7e arrondissement de Marseille.
Là, goupillon en main, l’abbé a aspergé généreusement de l’eau bénite dans l’atelier, implorant la protection divine sur les artisans et leurs créations. « Que Dieu vous protège de tout ce qui pourrait vous emboucaner », a-t-il proclamé avec une touche d’humour typiquement marseillaise, adressant également une prière contre les jalousies que pourraient susciter ces œuvres délicates.
Si le monde des santons est aujourd’hui un univers de préservation culturelle, il ne faut pas oublier que ses origines sont profondément liées à la foi chrétienne. Les premières crèches, attribuées à saint François d’Assise au XIIIe siècle, servaient à illustrer la nativité pour les fidèles. La Provence, quant à elle, s’est approprié cette tradition en l’enrichissant de figurines locales, transformant peu à peu la crèche en une scène qui ne se limite pas à la Bible, mais qui raconte la vie quotidienne des gens de la région.
Les jeunes propriétaires des Santons Carbonel, Hugo et Baptiste Vitali, sont à l’initiative de cette bénédiction inédite. « On s’est dit que ce serait bien de marquer le coup avec une bénédiction des santons. Après tout, Saint-François-d’Assise, est celui qui a popularisé la crèche », expliquent-ils. Ce retour à une forme de spiritualité, alliée à la créativité sans cesse renouvelée des artisans, réaffirme la place essentielle du santon dans le cœur des Provençaux.
Cette messe pourrait bien devenir une tradition nouvelle, où chaque année les ateliers de santonniers seraient bénis avant de lancer leur production pour la saison de Noël. Si la Foire aux Santons, qui se tient chaque année à Marseille, est connue pour être un lieu de rencontres et de découvertes des dernières créations des artisans, la bénédiction des ateliers ajoute une dimension de sacré et de protection à ce travail patient et méticuleux.
Jean-Michel Turc, Professeur certifié de langue provençale à l’Académie d’Aix-Marseille et Conseiller municipal de Marseille, est l’un des rares élus à avoir consacré sa vie non seulement à l’enseignement de la langue provençale, mais aussi à sa valorisation dans la vie quotidienne. Présent à la messe dominicale célébrée en provençal ce dimanche, il a rappelé, par son engagement, que la langue, tout comme les santons, est une part vivante et essentielle du patrimoine régional.
Les santons sont des témoins silencieux de l’histoire des hommes de Provence. Ils racontent des récits de foi, de résistance, de vie quotidienne, mais aussi d’imagination. Marseille continue d’écrire cette histoire, alliant le respect des racines et la quête d’une expression contemporaine. Que l’on soit chrétien ou simplement amoureux des traditions, les santons gardent leur place à la fois dans les crèches et dans le cœur des Provençaux, chaque personnage façonné en terre nous rappelant que l’essence de Noël, au-delà de la religion, célèbre l’humanité et ses valeurs intemporelles.
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