Alors que le gouvernement affirme vouloir maîtriser les dépenses pour assainir les finances publiques, il continue à investir massivement dans des projets monumentaux aux conséquences désastreuses, tant pour l’environnement que pour le portefeuille des Français.
Ligne à grande vitesse Lyon-Turin, mégabassines, canal Seine-Nord, Jeux olympiques d’hiver 2030… ce sont plus de 48 milliards d’euros qui seront engloutis. Des investissements qui, au lieu de répondre aux urgences écologiques et sociales, risquent de provoquer des dégâts à long terme. Le journal Reporterre a identifié cinq de ces projets controversés et propose de les abandonner. Retour sur des choix politiques aussi onéreux que destructeurs.
Nucléaire : Un « chantier du siècle » hors de prix
Annoncé par le président Emmanuel Macron comme un élément clé de la transition énergétique, le programme de construction de six réacteurs EPR2 s’avère être un gouffre financier.
Estimé à 35 milliards d’euros, ce projet ne garantit même pas une rentabilité certaine. Maxime Laisney, député de La France Insoumise (LFI), alerte sur les risques de ce choix :
Les consommateurs et contribuables vont passer à la caisse.
Si EDF, déjà plombée par des dettes colossales, échoue à maintenir ces nouvelles installations, l’État devra intervenir pour combler le déficit. Le tout dans un contexte où l’énergie nucléaire reste une source de débat, notamment en raison des incertitudes sur la gestion des déchets et la sécurité des infrastructures.
Ligne Lyon-Turin : Un projet démesuré et inutile ?
Vieux de plus de trois décennies, le projet de ligne à grande vitesse Lyon-Turin continue de cristalliser les oppositions. Prévu pour relier plus efficacement la France et l’Italie, ce projet d’infrastructure nécessite des tunnels creusés à travers les Alpes, ce qui dévaste les écosystèmes fragiles de cette région montagneuse. Estimée à 30 milliards d’euros, la ligne est loin de faire l’unanimité.
Il y a déjà une ligne existante, utilisée à seulement 20 % de sa capacité,
déclare Philippe Delhomme, co-président de l’association Vivre et agir en Maurienne.
Un constat qui pousse de nombreux écologistes et économistes à dénoncer un projet obsolète et largement surestimé.
Canal Seine-Nord : Le faux espoir d’une alternative verte
Le projet de canal Seine-Nord, présenté comme un pas en avant pour le transport fluvial et la réduction des émissions de CO₂, peine à convaincre les experts. Ce canal, censé relier la Seine au réseau fluvial du nord de l’Europe, mobilisera des milliards d’euros sans pour autant apporter des bénéfices environnementaux significatifs. Si les promoteurs vantent un « verdissement » du transport, les critiques pointent du doigt des coûts exorbitants et des perturbations majeures sur les territoires traversés.
Mégabassines : Une fuite en avant pour l’agriculture intensive
Symbole des dérives de l’agriculture intensive, les mégabassines continuent de faire débat. Ces réservoirs géants, destinés à stocker l’eau pour l’irrigation des cultures, sont pointés du doigt pour leur impact désastreux sur les nappes phréatiques. Avec un coût de 840 millions d’euros, ces infrastructures risquent d’accélérer l’assèchement des ressources en eau, aggravant la crise écologique déjà visible dans certaines régions agricoles. De nombreuses voix réclament un modèle plus respectueux des écosystèmes, mais ces demandes semblent rester lettre morte face à la pression des lobbies agro-industriels.
Jeux olympiques d’hiver 2030 : Un pari absurde dans un contexte de réchauffement climatique
Enfin, la perspective d’accueillir les Jeux olympiques d’hiver 2030 dans les Alpes est une aberration face aux changements climatiques. Alors que les chutes de neige sont de plus en plus rares à basse altitude, l’État prévoit d’investir 900 millions d’euros pour organiser cet événement, malgré une opposition farouche des habitants locaux. Le manque de neige naturelle nécessitera une production massive de neige artificielle, au coût énergétique et environnemental faramineux. Ce projet apparaît comme une ultime démonstration de la déconnexion entre les décideurs et la réalité des crises climatiques actuelles.
Ces projets pharaoniques, envisagés par l’État dans un contexte d’urgence climatique et budgétaire, sont largement perçus comme des « monuments à la gloire de l’incohérence ». Alors que les besoins en matière d’investissements verts et de soutien aux populations les plus vulnérables se font pressants, ces initiatives témoignent d’une priorité accordée à des visions démesurées du développement, au détriment de la planète et des finances publiques. Si rien ne change, le véritable coût de ces choix sera supporté par les générations futures, tant en termes financiers qu’environnementaux.