Ce dimanche 27 octobre à 17h, au creux des cryptes de l’abbaye Saint Victor à Marseille, quelque chose de particulier se prépare. Ce n’est pas un simple concert, ni même une simple lecture. C’est une invitation à ralentir, à écouter, à se laisser surprendre par le souffle du sacré et la force de la musique klezmer.
On ne parle pas souvent du livre d’Ésaïe dans les conversations du quotidien. Pourtant, ses paroles résonnent avec une acuité qui ne faiblit pas avec les siècles : « Apprenez à faire le bien ; recherchez la justice, protégez l’opprimé ». Ce dimanche, ces mots retrouveront une voix, celle de Laurent Collin, récitant, dans un cadre qui invite à la contemplation et à l’introspection.
Mais plus encore, ces paroles seront portées par la musique klezmer. La clarinette d’Esteban Cellier, tantôt joyeuse, tantôt mélancolique, se glissera entre les versets comme pour en prolonger l’écho. Accompagné du violoncelle et de la guitare de Frédéric Cellier, l’ensemble offrira un moment rare, où la musique devient le prolongement naturel des textes, un dialogue intime entre le divin et l’humain.
Il y a dans la musique klezmer quelque chose d’indescriptible. Ce mélange de joie et de tristesse, cet équilibre précaire entre légèreté et gravité. En l’écoutant, on traverse des émotions contradictoires, comme une danse sur le fil du rasoir entre rires et larmes. Et c’est exactement cela qui fait écho aux textes bibliques. La tension entre la douleur du monde et l’espoir de la rédemption.
Un festival qui renaît de ses cendres
Ce n’est pas un hasard si le Festival de Saint Victor propose cette année un tel programme. Fondé en 1966, le festival a traversé le temps et les époques, toujours avec ce même désir de proposer des rencontres artistiques où la musique offre un langage universel. Le festival revient avec une ambition renouvelée : celle de faire vibrer les Voix des Suds. Des voix qui viennent de loin, mais qui, pour un moment, se poseront ici, à Marseille, au sud de ce monde complexe et multiple.
Mais ce retour n’est pas sans défis. Il y a cette nécessité de se réinventer, de trouver le juste équilibre dans une fusion culturelle, entre sacré et profane. Les Amis de Saint Victor, qui portent ce projet, sont conscients de ces enjeux. En choisissant de faire dialoguer des textes vieux de plusieurs millénaires avec des musiques issues d’un répertoire populaire, ils nous rappellent que l’art, au fond, est toujours une affaire de rencontre.
Une voix perdue ? Ou entendue ?
Alors, qui écoutera cette voix qui crie dans le désert ? Peut-être nous, si nous sommes prêts à tendre l’oreille, à laisser de côté, l’espace d’une soirée, le « boucan » du quotidien. Il y a dans ce programme un appel à ralentir, à écouter vraiment. À se souvenir que, depuis des millénaires, des femmes et des hommes se sont posés les mêmes questions que nous. À redécouvrir que les réponses, souvent, se trouvent dans la beauté de l’art et la puissance des mots.
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