Et voilà, encore une histoire d’enveloppes garnies et de deals en coulisses, cette fois-ci avec un protagoniste de choix : Nabil Ennasri, politologue de son état, auteur éclairé, mais aussi, selon la justice, nouveau héros d’un jeu d’influence made in Qatar. Une saga qui sent bon la diplomatie d’arrière-boutique, avec ses petites manigances, ses pseudo-intellectuels corrompus et ses députés français prêts à tout pour quelques billets.
Tout commence avec un chiffre rond : 277.500 euros. Une somme qui, avouons-le, ferait briller les yeux de bien des politologues en quête de gloire. Ce n’est pas tous les jours qu’on déniche un contrat aussi juteux. Mais attention, ce pactole ne sort pas de n’importe où, il proviendrait de la National Human Rights Committee (NHRC), commission qatarie qui semble s’être soudainement trouvé une passion pour financer les “droits de l’homme”… ou plutôt, quelques marionnettes françaises. Les soupçons de la justice ? Rien de moins qu’une opération d’influence bien huilée, pour orienter la politique française et corrompre à tour de bras.
Et dans ce petit théâtre de l’absurde, Nabil Ennasri n’est pas seul sur scène. Aux côtés de l’érudit de pacotille, l’ancien député écologiste Hubert Julien-Laferrière ferait office de figurant de luxe. Le rôle ? Corrompu à raison de 5.000 euros par mois. Pas mal pour lire des discours préfabriqués ou influencer quelques décisions à l’Assemblée. Mais la perle rare dans cette histoire, c’est la justification. Nabil Ennasri, interrogé sur ces montants qui semblent tout droit sortis des coffres du Golfe, nous sort un joker assez cocasse :
J’ai bien reçu cet argent, mais pas du Qatar.
Ah ! Un chèque perdu dans le désert, peut-être ?
Nabil Ennasri, connu pour ses livres sur le Qatar, où il fustige parfois la politique de l’émirat, n’hésite pas à jouer la carte du critique. Et là, surprise. Selon le magistrat, cette stratégie est bien trop classique pour qu’on l’avale. Critiquer pour mieux servir les intérêts, une technique vieille comme le monde ! Si Nabil Ennasri assure que le Qatar ne l’aurait jamais payé, car il l’a ouvertement critiqué, le juge lui rappelle gentiment qu’en matière de désinformation, ce genre de posture est aussi crédible qu’un chameau dans la neige.
Rachid M’Barki : le micro à louer
Mais attendez, ce n’est pas fini. Le politologue aurait, en prime, recruté l’ex-journaliste Rachid M’Barki, figure de BFMTV, pour balancer quelques petites “brèves controversées” à la télévision. D’un côté, l’argent coule à flots, de l’autre, les infos “tombent” opportunément dans les bonnes rédactions. C’est ce que l’on appelle une belle opération de communication, pardon, de corruption. BFMTV, nouveau terrain de jeu des lobbyistes ? On y diffuse déjà pas mal de foot, alors pourquoi pas quelques messages diplomatiques au passage ?
Et puis, cerise sur le gâteau, toute cette machine à influence aurait été orchestrée en prévision de la Coupe du Monde de football, histoire de faire briller le Qatar sous les projecteurs du monde entier. Jean-Pierre Duthion, lobbyiste mis en examen dans l’affaire, explique sans sourciller que l’objectif était de “générer des contre-feux médiatiques”. Autrement dit, on balance des billets et on achète la paix des ondes. Le sport, les droits humains, la politique étrangère, tout se mélange dans une soupe épicée où chacun semble jouer sa partition pour quelques riyals.
Un spectacle qui continue
Alors, que faut-il retenir de cette énième saga de magouilles politico-financières ? Qu’en France, on a peut-être le sens du débat, mais surtout, qu’on a un prix. Que le Qatar continue de placer ses billes un peu partout, du PSG aux politologues, et que notre démocratie ressemble parfois à un marché aux enchères. Nabil Ennasri n’est peut-être qu’un pion dans cette grande partie d’échecs, mais il illustre parfaitement ce que l’on sait depuis longtemps. L’influence, ça se monnaie. Et certains sont toujours prêts à vendre.
Quant à la justice, elle a encore du pain sur la planche. Les enquêtes avancent, les avocats se terrent, et nous, spectateurs impuissants, observons cette comédie où la morale semble s’effacer derrière un… chèque.