Interpol a annoncé le 6 novembre 2024 les résultats d’une opération d’envergure baptisée Liberterra II, visant à démanteler les réseaux de trafic d’êtres humains. Menée en collaboration avec 116 pays, cette campagne a permis, au cours d’une semaine intense d’octobre, d’arrêter 2 571 personnes et de secourir 3 222 victimes potentielles de la traite des êtres humains et de l’exploitation des migrants.
La coordination mondiale de l’opération a requis des efforts colossaux, avec la surveillance de près de 24 000 vols et la réalisation de 8 millions de vérifications dans les bases de données criminelles d’Interpol. Cette opération révèle l’ampleur des réseaux criminels transnationaux et la complexité des nouvelles méthodes employées pour exploiter les victimes.
Les interventions menées dans plusieurs pays illustrent la diversité des crimes liés au trafic humain. En Argentine, par exemple, 14 mineurs et 45 autres victimes ont été libérés d’exploitations agricoles où ils étaient contraints de travailler. En Tunisie, les autorités ont intercepté 21 mineurs et 6 adultes en route vers le Royaume-Uni sous couvert d’un séjour linguistique. Au Mali, 24 jeunes femmes togolaises exploitées dans un réseau de fraude commerciale ont pu être libérées.
D’autres arrestations ont eu lieu en Serbie, où 12 individus liés à des groupes criminels organisaient le passage de migrants vers la Bosnie-Herzégovine. Au Costa Rica, une femme dirigeant une secte a été arrêtée pour exploitation d’enfants, ajoutant une dimension religieuse et psychologique à cette problématique. En Amérique latine, l’enquête a révélé des liens entre trafic humain et drogues, comme au Brésil, où un candidat au conseil municipal a été arrêté pour avoir organisé le passage de 70 migrants vers les États-Unis.
Le communiqué d’Interpol met en lumière une évolution préoccupante des méthodes utilisées par les trafiquants. Les victimes sont souvent abusées et manipulées pour commettre des fraudes. Ces nouvelles pratiques montrent que l’exploitation humaine se transforme, les victimes étant contraintes de participer à des activités criminelles, et non seulement exploitées en tant que main-d’œuvre. Interpol souligne également que les réseaux de trafic humain sont étroitement liés à d’autres activités criminelles (trafic de drogue, fraude en ligne) et partagent souvent les mêmes infrastructures et routes.
Cette opération marque un progrès considérable par rapport à la première opération Liberterra en 2021, qui avait mené à 286 arrestations et permis le sauvetage de 430 victimes. Bien que les résultats de cette première opération aient été jugés “notables”, Interpol a émis en 2023 une alerte face à l’ampleur croissante du trafic humain mondial, particulièrement lié aux arnaques en ligne en Asie du Sud-Est.
Jürgen Stock, le secrétaire général d’Interpol, a rappelé l’urgence d’une réponse coordonnée pour contrer ces réseaux, ajoutant que “dans leur quête de profit, les organisations criminelles exploitent des hommes, des femmes et des enfants, souvent de manière répétée.” Jürgen Stock, qui s’apprête à céder sa place à son successeur Valdecy Urquizava, laisse derrière lui une mission qui reste capitale pour la sécurité internationale.