La danse des nominations a commencé, et elle s’annonce rythmée. À quelques mois de son retour à la Maison Blanche, Donald Trump prépare avec minutie l’administration qui pourrait le suivre, tout en se gardant d’un des obstacles majeurs qui caractérise le processus présidentiel américain : les confirmations sénatoriales. Le 45e président des États-Unis, bien décidé à ne pas perdre de temps, a annoncé des choix stratégiques, en nommant plusieurs fidèles à des postes de premier plan. Une équipe resserrée, pour une gouvernance sans entraves… ou presque.
Elise Stefanik, l’une des figures montantes du camp républicain, est l’une des premières à être propulsée sur la scène internationale. Élue à 30 ans au Congrès de New York, elle a su se faire une place parmi les plus ardents défenseurs de Trump. Ce dernier l’a choisie pour être la prochaine ambassadrice des États-Unis auprès des Nations unies, soulignant son caractère « fort, tenace et intelligent ».
Mais derrière cette image de diplomate, c’est surtout un porte-drapeau des idées trumpistes qui s’impose. Sa défense acharnée de l’ancien président lors de sa première procédure de destitution, puis son refus de reconnaître la victoire de Joe Biden en 2020, en font une alliée de poids. Cette nomination n’est pas seulement une récompense pour son soutien indéfectible ; c’est aussi un signal envoyé à la scène internationale, que Donald Trump entend redéfinir la politique étrangère américaine sous le prisme de l’Amérique d’abord.
Elise Stefanik n’est pas la seule à se voir offrir des rôles-clés. Dans un registre plus local mais tout aussi stratégique, l’ancien représentant de New York, Lee Zeldin, se voit confier la direction de l’Agence de protection de l’environnement (EPA). Lee Zeldin, ardent défenseur de la dérégulation économique, aura pour mission de réduire les obstacles à l’activité des entreprises tout en maintenant un discours appuyé sur la préservation des « plus hautes normes environnementales ». La combinaison parfaite pour séduire une base électorale préoccupée par les coûts énergétiques tout en restant fidèle aux valeurs conservatrices.
Le spectre de l’immigration : Tom Homan en ligne de mire
Mais c’est sans doute la nomination de Tom Homan à la tête de la politique migratoire qui cristallise le plus l’approche de Donald Trump. Ancien directeur de l’ICE, Tom Homan est un défenseur intransigeant d’une politique de fermeté totale contre l’immigration illégale. Son rôle ? Mettre en œuvre l’une des promesses phare de Trump. L’expulsion massive de millions de migrants illégaux. L’objectif est clair. Relancer la « plus grande opération d’expulsion » de l’histoire des États-Unis, tout en alimentant le discours populiste de l’ancien président, sur fond de « retour à l’ordre » et de « protection des citoyens américains ».
Les États-Unis, sous Donald Trump, semblent se préparer à un climat politique où les lignes de fracture se resserrent. Le parti républicain, après avoir pris le contrôle du Sénat et de la Chambre des représentants, pourrait bien voir ces figures idéologiquement alignées avec le président jouer un rôle central dans l’élargissement de sa base électorale, tout en installant une administration aux accents ultra-conservateurs.
Une gouvernance à toute vitesse
Mais au-delà des choix individuels, un autre aspect des préparations de Donald Trump mérite d’être observé. Sa volonté d’éviter les lourdes et longues procédures de confirmation au Sénat. Donald Trump, fidèle à son style, n’entend pas se laisser ralentir par les procédures bureaucratiques. Il compte, pour ce faire, s’appuyer sur une clause de la Constitution qui permet de nommer temporairement des hauts responsables lorsque le Sénat est inactif, un moyen habile de contourner une confirmation qui peut parfois traîner en longueur, même lorsque son parti détient la majorité.
Cette stratégie de nominations accélérées semble partagée par plusieurs sénateurs républicains, qui soutiennent ouvertement l’idée que, sans une telle flexibilité, il sera difficile de maintenir une équipe fonctionnelle à la Maison Blanche dès janvier 2025. D’autant plus que Trump semble déterminé à faire « vite et bien » pour concrétiser ses promesses de campagne, qu’il avait commencées en 2016 et qu’il entend finir en 2024.
La course aux présidentielles : une machine bien huilée
Au-delà des nominations ministérielles, la préparation de sa campagne électorale avance également à grande vitesse. Le choix de Susie Wiles pour diriger son cabinet témoigne de l’importance que Donald Trump accorde à la machine électorale qu’il a patiemment construite, et qu’il prévoit de déployer pour renforcer sa position. Après une victoire écrasante en 2020, où Donald Trump avait remporté une majorité de grands électeurs (312 contre 226 pour Kamala Harris), l’ancien président entend capitaliser sur cette dynamique, et non plus la laisser filer.
Les élections de 2024 se profilent avec des enjeux multiples, dont les résultats dans certaines circonscriptions restent encore flous. Néanmoins, les républicains, avec la majorité désormais en leur possession, semblent bien partis pour un retour en force, d’autant plus que Donald Trump met un point d’honneur à concentrer ses efforts sur des États-clés et des enjeux capitaux : l’immigration, l’économie et la sécurité.