Mardi matin, c’est avec le sourire bienveillant des grandes réformatrices que la nouvelle ministre de l’Éducation nationale, Anne Genetet, a annoncé l’acte II du fameux « Choc des savoirs » – un programme censé faire frissonner les murs de nos écoles de sa rigueur académique. Pour faire court : diplômes plus durs, Brevet obligatoire, épreuves anticipées au bac et groupes de besoin par-ci, par-là. Une offensive de l’excellence scolaire en quelque sorte. Mais au-delà des belles intentions, le diable se cache, comme toujours, dans les détails.
Le Brevet, un ticket d’entrée obligatoire pour le lycée… vraiment ? Il s’agit là d’une première bombe. Dès 2027, plus de Brevet, plus de Seconde. (Pas de bras, pas de chocolat). Voilà qui va « redonner du sens » à ce diplôme souvent vu comme une formalité. La ministre promet que ceux qui échoueront auront droit à une année de « prépa Seconde » – ou à un aller simple vers le CAP, pour les récalcitrants. Un pas courageux vers une école qui trie ses élèves au seuil du lycée, avec la discrétion d’un coup de massue.
Mais soyons clairs : est-ce vraiment une solution ? Nos collégiens, noyés dans des classes surchargées, manquant de professeurs et de moyens, parviendront-ils à décrocher ce précieux Brevet si on ne s’attaque pas aux racines du problème ? Mystère. En attendant, voilà un joli coup de stress en plus pour les familles, qui imaginent déjà leur enfant recalé pour avoir raté sa dictée.
Un Bac de maths en Première : tester, c’est échouer ?
Si le Brevet ne suffit pas à impressionner, pas de panique : la ministre a prévu une épreuve anticipée de maths en classe de Première. Voilà une idée qui en fera saliver certains – pas forcément ceux qu’on croit. En effet, « mesurer » le niveau des élèves en mathématiques, c’est sympathique, mais quel est le véritable but ? Au lieu de donner aux professeurs les moyens de renforcer les bases, on préfère « diagnostiquer » les faiblesses de nos ados en leur mettant un examen de plus sur le dos.
Cerise sur le gâteau : l’épreuve de maths, bien qu’obligatoire, sera différente pour ceux qui suivent la spécialité mathématiques et pour les autres. Une flexibilité admirable pour une réforme censée élever uniformément le niveau scolaire. Mais rassurez-vous, au final, ce « baromètre » nous dira surtout une chose : que nos élèves n’aiment toujours pas les maths.
Les groupes de besoin, ce mirage pédagogique
Les fameux « groupes de besoin » sont la dernière carte de la ministre pour résoudre le casse-tête du niveau hétérogène des élèves. En clair, il s’agit de classes de soutien en petits groupes pour les élèves en difficulté. Génial sur le papier, mais dans la réalité ? Seuls les élèves de 4e et 3e en profiteront une heure par semaine, pour un mix de français et de maths. Ce programme est censé garantir que nos jeunes sortent du collège en maîtrisant enfin les bases.
On apprend aussi que 1 500 nouveaux postes seront nécessaires pour mettre ce dispositif en place. Mais où trouver ces enseignants ? Entre les crises de recrutement et les départs à la retraite, notre système éducatif semble mieux armé pour aligner des profs en formation accélérée que des renforts d’élite. En attendant, les élèves se bousculeront pour rejoindre les classes de « groupe de besoin » et éviter une immersion précoce dans le « choc » de la vraie vie.
Une vision caustique d’un choc… en douceur ?
En résumé, l’acte II du « Choc des savoirs » veut réformer en surface pour mieux masquer l’épuisement du système éducatif. Des diplômes plus compliqués, des examens anticipés et quelques groupes de soutien – voilà la recette miracle pour un niveau scolaire digne des rêves de la ministre. Mais, en grattant un peu, on voit surtout un message implicite : l’Éducation nationale n’a plus les moyens d’assurer un parcours de qualité pour tous.
Car au fond, ce « choc » ressemble davantage à une tentative de repousser un problème qui, lui, reste bien ancré. Combien d’élèves se retrouveront bloqués par ce Brevet durci ? Combien se perdront dans les méandres des groupes de soutien ? Si cette réforme est un choc, alors, disons-le franchement, c’est surtout une onde de choc… pour l’avenir de nos collégiens.