En janvier 2025, les Franciliens découvriront un nouveau système tarifaire pour leurs transports. Mais que cache réellement cette promesse de simplification et de tarifs uniques ? La mesure phare : un ticket à 2,50 euros pour tout trajet en métro, RER ou train, et 2 euros pour le bus et le tram. Fini les carnets de tickets, place au Pass Liberté +, un système de post-paiement qui se veut plus flexible et économique.
En apparence, c’est une avancée remarquable, une « révolution de la billettique » comme aime le clamer Valérie Pécresse, présidente d’Île-de-France Mobilités. Mais, derrière cette communication orchestrée, les usagers n’y voient-ils pas aussi une opération pour masquer d’autres difficultés bien réelles ?
On le sait, le casse-tête des tarifs de transports en Île-de-France est bien réel. Entre les zones tarifaires et la variété des tarifs selon les trajets, certains n’y voient qu’une usine à gaz, dissuasive pour les usagers occasionnels. Alors, à première vue, ce tarif unique semble simplifier les choses. Un prix de 2,50 euros pour tous les trajets, que vous traversiez Paris d’un bout à l’autre ou que vous parcouriez quelques stations : l’idée a de quoi séduire.
Mais soyons réalistes. Pour de nombreux usagers, ce tarif unique sera parfois plus coûteux. Les petits trajets en métro intra-muros, actuellement moins chers, seront facturés au même prix qu’un voyage d’une heure en RER. Alors, oui, le tarif est « unique », mais est-il vraiment juste pour tous les usagers ?
Le Pass Liberté +, une solution ou une stratégie ?
L’autre grande innovation, c’est ce fameux Pass Liberté +, un pass de post-paiement pensé pour permettre aux usagers d’optimiser leurs coûts de transport selon leur usage réel. Avec une réduction de 20 % sur chaque trajet (soit 1,99 euro pour le métro ou le RER, et 1,60 euro pour le bus et le tram), ce dispositif pourrait être une solution pour ceux qui ne voyagent pas quotidiennement mais souhaitent éviter les tracas de la billetterie.
Encore faut-il que l’idée prenne racine dans les habitudes. Ce mode de paiement à l’usage reste en effet méconnu et peu intégré par les usagers qui, pour beaucoup, préfèrent encore les bons vieux tickets. En faisant la promotion de ce pass, IDFM cherche avant tout à uniformiser les pratiques… et aussi, sans doute, à fidéliser des usagers face aux offres concurrentes des trottinettes, vélos en libre-service, ou services de covoiturage urbain.
Une « révolution » qui cache bien des défis
En réalité, le véritable défi d’Île-de-France Mobilités ne réside peut-être pas tant dans la simplification tarifaire que dans l’amélioration du service. La région a beau vanter cette « révolution », les usagers savent trop bien que les infrastructures existantes peinent souvent à absorber le flux de voyageurs. Quid de la ponctualité des trains, des interruptions fréquentes de service, et de l’état de saturation des lignes principales ?
Cette réforme, évaluée à 30 millions d’euros sur les 4 milliards de recettes tarifaires d’IDFM, est saluée par les associations d’usagers. Pourtant, on pourrait se demander si cette somme, aussi symbolique soit-elle, ne devrait pas être directement investie dans la modernisation des infrastructures. Car un tarif unique et des files d’attente réduites sont bien peu de choses si le train que vous attendez est annulé ou bondé.