Depuis plusieurs mois, les pharmacies font face à une recrudescence de vols, un phénomène rapporté par l’Ordre et les syndicats de pharmaciens dans diverses régions. Les produits de parapharmacie, coûteux et faciles à écouler, attirent des voleurs toujours plus audacieux, obligeant les officines à trouver des solutions parfois radicales.
Les rayons des pharmacies regorgent de produits à forte valeur ajoutée : crèmes de beauté, sprays solaires, brosses à dents électriques… Ces articles, souvent vendus à des prix élevés, sont devenus les cibles privilégiées des malfaiteurs.
Coraline, pharmacienne dans une galerie marchande marseillaise, raconte : « Cela n’arrête pas. Ils se positionnent là où on ne peut pas les voir, et dès qu’on est débordés, ils se servent. » Selon elle, les pertes peuvent atteindre jusqu’à 200 euros par incident. Pour les pharmaciens, tenter d’intervenir directement comporte des risques. Le climat peut rapidement s’envenimer, comme l’explique Manon : « Le ton monte vite, et on peut se retrouver en difficulté. »
Face à la sophistication des voleurs, les solutions traditionnelles comme les antivols semblent désormais insuffisantes. Valérie Ollier De Lécluse, présidente du syndicat des pharmaciens des Bouches-du-Rhône, a opté pour une méthode radicale : vider les emballages.
Vous voyez cette boîte en rayon ? Le produit n’est plus dedans. Une année, nous avons perdu 10.000 euros de produits solaires, explique-t-elle à nos confrères d’Europe1.
D’autres officines misent sur la technologie. Stéphane Pichon, président régional de l’Ordre des pharmaciens, a adopté un système de vidéosurveillance boosté par l’intelligence artificielle. « Elle détecte les mouvements suspects, comme lorsqu’une personne glisse un produit dans son sac. Une alerte est alors envoyée. » Cette innovation promet de réduire les pertes, mais son coût reste prohibitif pour les petites officines.
Un avenir incertain pour les petites pharmacies
Seules les plus grandes pharmacies peuvent envisager des solutions coûteuses comme l’embauche de vigiles. Pour les officines de taille modeste, l’adaptation passe par des choix difficiles, au détriment parfois de l’expérience client : rayons dépouillés, produits sous vitrine, ou encore surveillance accrue des clients.
Alors que les pharmacies continuent d’être visées, une question se pose : jusqu’où devront-elles aller pour protéger leurs stocks ? Le phénomène semble loin de s’essouffler, et les solutions envisagées peinent à concilier sécurité et accessibilité.