Le bras de fer entre le géant technologique Google et le gouvernement américain a pris un tournant historique la semaine dernière. Dans un document judiciaire publié la semaine dernière, le ministère de la Justice a demandé à la justice de forcer Google à se séparer de son navigateur Chrome, et potentiellement de son système d’exploitation Android, dénonçant des pratiques anticoncurrentielles qui étoufferaient toute concurrence dans le secteur numérique.
Déjà reconnu coupable d’abus de position dominante dans la recherche en ligne par le juge fédéral Amit Mehta l’été dernier, Google doit désormais faire face à des sanctions qui pourraient redéfinir les règles du marché numérique. Le ministère de la Justice reproche à l’entreprise de signer des accords avec des fabricants de smartphones pour imposer son moteur de recherche comme option par défaut, privant ainsi les concurrents de toute chance réelle de rivaliser.
Les autorités américaines visent également à empêcher Google de profiter de son système Android pour promouvoir ses autres produits, comme Chrome ou Maps. Dans le cas où l’entreprise ne proposerait pas de solutions concrètes, une séparation complète d’Android pourrait être envisagée.
Kent Walker, président des affaires mondiales de Google, a vivement critiqué les demandes du gouvernement, qualifiant l’approche de « radicalement interventionniste » et préjudiciable à l’innovation américaine. « Cela nuirait aux consommateurs, aux développeurs et aux petites entreprises américaines, tout en mettant en péril le leadership économique et technologique mondial des États-Unis », a-t-il déclaré. Google accuse également le ministère de poursuivre un agenda politique et juridique dépassant les normes traditionnelles de régulation.
Une affaire aux enjeux gigantesques
L’impact potentiel de ces sanctions va bien au-delà de Google. Si elles sont appliquées, elles pourraient remodeler le marché mondial de la recherche en ligne, dominé par Google avec 90 % des parts de marché.
L’affaire a également révélé des détails embarrassants sur les pratiques internes de l’entreprise. Lors du procès, il a été prouvé que Google a dépensé des milliards de dollars pour garantir que son moteur de recherche soit installé par défaut sur des appareils populaires comme les iPhones d’Apple et les smartphones Samsung.
Une bataille juridique qui s’annonce longue
Le verdict final sur les sanctions sera décidé après les propositions que Google doit soumettre le mois prochain, suivies d’une audience prévue en avril devant le juge Mehta. Cependant, quelle que soit la décision, Google a déjà indiqué son intention de faire appel, prolongeant ainsi la bataille judiciaire pendant plusieurs années.
En parallèle, l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier pourrait également influencer le cours des événements. Bien que le président élu ait critiqué par le passé le pouvoir des géants technologiques, il a aussi qualifié d’excessive l’idée d’un démantèlement complet.
Des conséquences potentielles pour l’innovation
Alors que certains soutiennent les mesures du gouvernement comme une réponse nécessaire à des décennies de dérégulation, d’autres les jugent excessives. Adam Kovacevich, directeur de Chamber of Progress, a qualifié ces exigences d’ »extravagantes », plaidant pour des solutions moins drastiques mais plus ciblées.
Le procès pourrait redéfinir la régulation des grandes entreprises technologiques aux États-Unis, rappelant les tentatives infructueuses de démanteler Microsoft il y a deux décennies. Toutefois, dans ce contexte, la réussite du gouvernement pourrait devenir un tournant historique dans la lutte contre les monopoles numériques.