Lorsque la biologiste marine colombienne, Andrea Bonilla, se lance dans une expédition aux confins de l’Antarctique, elle embarque avec elle une mission bien particulière : plonger au cœur des abysses pour comprendre la vie sous-marine grâce aux sons qui la peuplent.
Sur le navire ARC Simon Bolivar de la marine colombienne, la scientifique de 32 ans déploie toute son expertise et son équipement de pointe pour capturer ces sonorités énigmatiques. Équipée d’hydrophones enveloppés de titane, elle les enfonce à 500 mètres sous la surface glacée, enregistrant ainsi pendant une année entière les murmures et les cris de la faune marine dans les eaux antarctiques.
Les sons que nous capturons ici sont impressionnants, presque surnaturels, comme issus d’un univers de science-fiction. Peu de personnes ont la chance d’entendre ces symphonies sous-marines
déclare Mme Bonilla, émerveillée par les découvertes auditives qu’elle fait au fil de ses recherches.
Dotée d’un doctorat en acoustique marine, Andrea Bonilla et son équipe de scientifiques ne se contentent pas de collecter des enregistrements sonores. Ils analysent également ces données afin de mieux comprendre le comportement des mammifères marins et leurs déplacements pendant les rigoureux hivers australs, une période où l’Antarctique devient inhospitalier pour la plupart des espèces.
L’objectif ultime de ces recherches va au-delà de la simple fascination pour le monde sous-marin. Elles visent à évaluer l’impact de l’activité humaine et de la pollution sur les écosystèmes antarctiques, parmi les mieux préservés de la planète.
Par ailleurs, ces travaux contribuent à soutenir la proposition de créer une « zone marine protégée » autour de la péninsule Antarctique, une initiative portée par le Chili et l’Argentine depuis 2012.
Grâce à des techniques avancées d’analyse sonore, Andrea Bonilla et son équipe sont capables de cartographier les mouvements des mammifères marins, mais aussi de détecter les basses fréquences émises par les mouvements telluriques et la fonte des glaces, offrant ainsi une perspective inédite sur les phénomènes géophysiques sous-marins.
Pendant l’expédition, les chercheurs ont également eu la chance d’observer de près la faune antarctique dans son habitat naturel, des colonies de manchots aux majestueuses baleines à bosse, offrant ainsi un aperçu fascinant de la vie sous-marine dans ces contrées reculées.
Pour Andrea Bonilla, ces expériences ont profondément marqué sa compréhension de l’océan et de ses habitants.
Ma première rencontre avec une baleine chantante a été un moment qui a changé ma vie
se souvient-elle avec émotion.
Alors que l’équipage s’apprête à terminer cette mission et à remonter les hydrophones, Andrea Bonilla reste déterminée à poursuivre son exploration du monde sous-marin, consciente de l’importance cruciale de ces recherches pour la préservation des écosystèmes fragiles de l’Antarctique.