À quelques jours du premier tour des élections législatives, la France se trouve à un carrefour politique décisif. Les résultats de ces élections détermineront la gouvernance du pays pour les trois prochaines années. Une chose est sûre : l’incertitude règne en maître.
Une majorité absolue, un scénario de moins en moins probable
Les sondages actuels ne laissent que peu d’espoir pour l’obtention d’une majorité absolue. Pour rappel, il faudrait qu’un parti ou une coalition décroche au moins 289 des 577 sièges à pourvoir à l’Assemblée nationale. Actuellement, trois forces politiques émergent : Le Rassemblement National (RN) avec ses alliés, le Nouveau Front populaire et Ensemble (la majorité présidentielle).
Dans l’hypothèse où le RN parviendrait à cette majorité, Jordan Bardella serait en pole position pour le poste de Premier ministre. Il formerait alors un gouvernement qui refléterait les priorités de son parti. De même, si Ensemble l’emportait, Gabriel Attal, en fonction depuis cinq mois, pourrait être reconduit. Cependant, le Président Macron a déjà mentionné la possibilité d’un élargissement du bloc central, ce qui pourrait remettre en cause la continuité d’Attal à Matignon.
Pour le Nouveau Front populaire, la situation est plus floue. Alors que Jean-Luc Mélenchon était le candidat naturel lors des élections précédentes, le contexte actuel ne lui est guère favorable. L’alliance des gauches pourrait ainsi choisir un autre représentant pour occuper le poste de Premier ministre.
La probabilité d’une majorité relative
Le scénario le plus probable reste celui d’une majorité relative. D’après le baromètre Opinionway pour CNews, Europe 1 et le JDD du 20 juin, les intentions de vote sont réparties ainsi : 35% pour le RN et ses alliés, 27% pour le Nouveau Front populaire, et 20% pour Ensemble. Dans ce contexte, aucun parti ne pourrait gouverner seul, obligeant ainsi à des compromis et alliances de circonstance.
Emmanuel Macron, conscient de cette éventualité, prône une «fédération des projets». Une approche visant à bâtir des consensus et tisser des compromis, une vision que partagent peu ses adversaires. Jordan Bardella, par exemple, a déclaré sur CNews le 18 juin dernier que «S’il y a une majorité relative, le Premier ministre ne peut pas agir». La constitutionnaliste Anne Levade, quant à elle, souligne que «L’hypothèse d’un Premier ministre très marqué politiquement d’un côté ou de l’autre paraît la moins probable, car il peinerait à dégager une majorité claire à l’Assemblée».
Vers un blocage institutionnel ou une coalition inattendue ?
Le troisième scénario, celui du blocage institutionnel, n’est pas à écarter. Si les trois principaux blocs politiques ne parviennent pas à s’entendre, la France pourrait se retrouver dans une situation de paralysie législative. Les lois seraient difficiles à passer et le gouvernement en place pourrait être constamment menacé par des motions de censure. Ni le RN ni le Nouveau Front populaire ne semblent enclins à faire des compromis avec le parti présidentiel, rendant la tâche du gouvernement particulièrement difficile.
Dans cette configuration, certains évoquent la possibilité pour le Président Macron de recourir à l’article 16 de la Constitution, lui permettant d’obtenir les « pleins pouvoirs » en cas de crise grave. Toutefois, cette option demeure hautement improbable en raison des nombreux garde-fous constitutionnels et du message négatif qu’elle enverrait aux citoyens.
L’issue des élections législatives reste incertaine et chaque voix comptera pour définir la trajectoire politique de la nation. Quel que soit le résultat, la France se dirige vers une période de grande complexité politique et sociétale.