La stupeur et l’émotion dominent à La Grande-Motte, après l’attaque de la synagogue de la petite station balnéaire, située dans l’Hérault. Samedi dernier, un Algérien de 33 ans, en situation régulière en France, a été interpellé à Nîmes après une courte cavale. L’attaque, qui aurait pu tourner au drame, a ravivé les inquiétudes d’une communauté juive déjà fragilisée par la montée de l’antisémitisme en France.
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a précisé dimanche sur France 2 que le suspect attendait, armé d’une hache, la sortie des fidèles présents dans l’édifice religieux. L’intervention rapide des gendarmes a toutefois permis d’éviter une tragédie. « Un drame a été évité (…) car il se cache au moment où il met le feu dans cette synagogue où des gens habitent, notamment le rabbin. Et il attend, sans doute c’est ce qu’on imagine, avec sa hache, sa hachette, la sortie des personnes. Il les guette », a-t-il déclaré.
Les chiffres avancés par le ministre de l’Intérieur sont alarmants : plus de 200% d’augmentation des actes antisémites depuis le début de l’année. Un constat qui pèse lourdement sur les communautés juives de France. À La Grande-Motte, où la sérénité des habitants est d’ordinaire assurée par le calme ambiant de cette ville balnéaire, le choc est palpable.
Émilie, une résidente de la ville, exprime son incompréhension : « Je suis surprise parce que je suis venue ici à La Grande-Motte pour être tranquille. Je viens de Montpellier. Je n’en reviens pas de ce qu’il se passe. » Un sentiment partagé par beaucoup, qui voient leur quotidien paisible brusquement bouleversé.
Sarah, une mère de famille de confession juive, envisage désormais de prendre des précautions pour protéger ses enfants. « J’ai trois petits garçons qui se promènent toujours en kippa. Et là, je me dis que je vais leur acheter des casquettes. Dans le climat actuel, je ne veux pas les mettre en danger. Je pense qu’on n’est pas obligé de montrer de signes religieux extérieurs », confie-t-elle, la voix empreinte d’inquiétude.
Cette image – keffieh, drapeau, pistolet – est littéralement sidérante. Elle serait grotesque si elle n’était pas liée à un attentat qui aurait pu se solder par un carnage en France. pic.twitter.com/Snhby16ART
— Laurent Bazin (@laurentbazin) August 24, 2024
Mais tous ne partagent pas ce point de vue. Un jeune homme, également de confession juive, refuse de céder à la peur :
Ce n’est pas pour ça que j’enlèverai la kippa. On est libre de se promener comme on veut, il faut rester fort, c’est tout. Après, qu’est-ce qu’on va faire ? Les Juifs vont être obligés de se cacher. Ils se demandent pourquoi on part de France ? C’est normal qu’on quitte la France.
En réponse à cette attaque et pour affirmer leur rejet de l’antisémitisme, les habitants de Montpellier se mobilisent. Un rassemblement est prévu mardi soir pour exprimer la solidarité avec la communauté juive et dénoncer la montée de la haine dans le pays. La Grande-Motte, autrefois symbole de tranquillité, est désormais un lieu où la vigilance est de mise, rappelant tragiquement que le danger peut frapper n’importe où.