Mardi, le parquet fédéral belge a requis la réclusion criminelle à perpétuité à l’encontre du jihadiste français Salah Abdeslam pour sa participation aux attentats de Bruxelles en 2016.
Après avoir «terrorisé la France», Salah Abdeslam «a décidé de continuer sa guerre, souhaitant tuer des victimes innocentes et inconnues», a fustigé la procureure fédérale belge Paule Somers.
Mardi, la magistrate a requis la réclusion criminelle à perpétuité à l’encontre du jihadiste français pour sa participation aux attentats de mars 2016 à Bruxelles, qui avaient fait 35 morts. La même peine a été requise pour le Belgo-Marocain Mohamed Abrini.
Tous deux comptaient également parmi les principaux accusés du procès-fleuve qui s’est achevé en juin 2022 à Paris pour les attaques terroristes du 13 novembre 2015, qui ont fait 130 morts et avaient été organisées par la même cellule jihadiste.
A l’époque, Salah Abdeslam avait déjà été condamné à la perpétuité incompressible, tandis que Mohamed Abrini avait écopé de la perpétuité assortie d’une peine de sûreté de vingt-deux ans. Paule Somers a estimé que Salah Abdeslam ne méritait «aucune circonstance atténuante». «Il n’a pas changé, il est toujours aussi radicalisé», a-t-elle assuré.
L’autre procureur, Bernard Michel, a décrit Mohamed Abrini comme «un pilier de la cellule» jihadiste, avant de juger que la prison à vie était «la seule peine proportionnelle à ses actes». Le parquet a en outre demande qu’il soit déchu de sa nationalité belge car «il a trahi le pays».
La déchéance de nationalité requise pour Abrini
Amis d’enfance du quartier bruxellois de Molenbeek, Salah Abdeslam et Mohamed Abrini n’ont pas opté pour la même défense. Le premier a toujours contesté sa participation aux attentats de Bruxelles, mais pas le second.
Mohamed Abrini, qui avait accompagné le «convoi de la mort» à Paris à la veille du 13 novembre 2015 est «l’homme au chapeau» des attentats de Bruxelles. Il avait été filmé par la vidéo-surveillance de l’aéroport de la ville le 22 mars 2016, en compagnie de deux assaillants. Ce jour-là, deux hommes se sont fait exploser dans le hall des départs de l’aéroport de Bruxelles-Zaventem et un troisième, une heure plus tard, dans une rame de métro à la station Molenbeek.
Trente-deux morts et des centaines de blessés étaient à déplorer, mais la cour d’assises qui juge les auteurs de ces attaques-suicides a dénombré 35 décès. Trois d’entre eux, intervenus plus tard, avaient néanmoins un lien direct avec les explosions.
Le parquet veut la perpétuité pour quatre accusés
Si Salah Abdeslam nie avoir participé à ces attentats, c’est parce qu’il affirme qu’il était en prison ce jour-là. Il avait en effet été arrêté le 18 mars 2016 à Molenbeek, mais le jury populaire a estimé que le jeune homme, bientôt âgé de 34 ans, avait apporté «une aide indispensable» à ces attaques revendiquées par Daesh. Selon l’arrêt prononcé le 25 juillet par la cour d’assises de Bruxelles, le jihadiste français ne s’est «jamais désolidarisé» replié à Bruxelles après le 13 novembre. Le texte évoque certains écrits montrant qu’il «a choisi de rester en Europe pour « finir le travail »».
Entamé en décembre 2022, le procès des attentats de Bruxelles a été suspendu cet été pendant six semaines et entre cette semaine dans sa dernière ligne droite. Parmi les dix accusés il y a eu deux acquittements. Deux accusés risquent un maximum de dix ans de prison après avoir été reconnus coupables de «participation aux activités d’un groupe terroriste» et six autres, considérés comme coauteurs des attaques du 22 mars, encourent la prison à vie.
En dehors de Salah Abdeslam et Mohamed Abrini, cette peine maximale a notamment été requise à l’encontre de Oussama Atar, jugé par défaut car présumé mort en Syrie. Le Suédois Osama Krayem est dans le même cas pour avoir accompagné le kamikaze du métro avant de rebrousser chemin.
Pour ces quatre hommes, le parquet fédéral belge estime que la peine de prison à vie doit être assortie d’«une mise à disposition du tribunal d’application des peines pour quinze ans», ce qui éloignerait encore la perspective d’une libération conditionnelle. Le verdict est attendu à la mi-septembre.