Le Musée d’Art Moderne de Paris ouvre ses portes à une exposition singulière, captivante : une rétrospective dédiée à l’œuvre méconnue pourtant remarquable de Jean Hélion (1904-1987), peintre et intellectuel dont l’influence traverse le XXᵉ siècle.
Jean Hélion a marqué de son empreinte l’histoire de l’art en introduisant l’abstraction en Amérique dans les années 1930. Pionnier de ce mouvement, il a ensuite évolué vers une figuration personnelle à l’aube de la Seconde Guerre mondiale. Son parcours artistique atypique l’a mené des cercles de l’abstraction géométrique aux rues animées de Paris, explorant sans relâche les méandres de la création artistique.
L’exposition, intitulée « Jean Hélion, La prose du monde », propose une plongée immersive dans l’univers de cet artiste méconnu, organisée de manière chronologique. Près de 150 œuvres, dont 103 peintures, 50 dessins et des carnets témoignant de sa réflexion sur la peinture, sont présentées au public. Ces trésors, rarement exposés auparavant, proviennent de grandes institutions françaises et internationales ainsi que de collections privées, offrant ainsi une vision exhaustive de l’évolution artistique du grand Hélion.
Né en 1904 en Normandie, Jean Hélion s’est tout d’abord orienté vers des études d’architecture à Paris. C’est à travers ses rencontres avec des figures majeures de l’art moderne telles que Théo van Doesburg, Piet Mondrian et Marcel Duchamp qu’il s’est forgé une identité artistique singulière. Son parcours le mène aux États-Unis dans les années 1930, où il devient l’un des acteurs majeurs de l’abstraction, conseillant même de grands collectionneurs.
Cependant, Hélion préfigure un retour à la figure humaine, anticipant ainsi les bouleversements à venir avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Confronté à la fragilité du monde, il réinvente son langage artistique, se détournant de l’abstraction pour explorer le quotidien avec une précision saisissante, dénuée de sentimentalisme.
Cette exposition met en lumière le parcours personnel de l’artiste, notamment son engagement aux côtés de l’armée française pendant la guerre et son récit d’évasion, « They Shall Not Have Me », qui connaît un succès retentissant dès sa publication.
De retour à Paris après la guerre, Jean Hélion peine à retrouver sa place sur la scène artistique parisienne. Pourtant, il continue d’explorer de nouveaux horizons artistiques, abordant des thèmes variés tels que le nu, le paysage, la nature morte et l’allégorie, avec une inventivité déconcertante.
À la fin de sa vie, malgré la perte progressive de la vue, Jean Hélion poursuit son exploration artistique avec une détermination sans faille, mêlant dérision et gravité, rêve et éblouissement heureux dans ses œuvres poignantes.
Cette exposition est accompagnée d’un catalogue exhaustif, sous la direction de Sophie Krebs et Henry-Claude Cousseau, offrant une plongée encore plus profonde dans l’univers fascinant de cet artiste. Avec la participation de la BNF, l’IMEC et l’Association Jean Hélion, cette rétrospective rend enfin hommage à un artiste majeur trop longtemps resté dans l’ombre, offrant au public l’opportunité unique de découvrir ou redécouvrir l’œuvre d’un génie méconnu de l’art moderne.
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