François Bayrou, ce vieux routier de la politique française, éleveur de chevaux à ses heures perdues, mais surtout éleveur de mandats et cumulard hors pair est désormais à la tête d’un gouvernement dont l’unique mission semble être de préserver la fiction d’un chef de l’Etat toujours en contrôle, alors qu’il s’accroche à ses rêves monarchiques comme un naufragé à sa bouée.
François Bayrou, c’est un peu comme un couteau suisse politique. Il a servi à tout et son contraire. En 2007, il appelait à voter Nicolas Sarkozy, sans doute dans l’espoir d’un petit maroquin. En 2012, il faisait volte-face pour soutenir François Hollande, sans doute parce que Nicolas Sarkozy n’avait pas tenu parole. Puis en 2017, après avoir qualifié Emmanuel Macron de pantin des grandes fortunes, il a rejoint son camp, sans doute charmé par une promesse ministérielle.
Mais attention, ne confondons pas opportunisme et talent. François Bayrou n’est pas un simple politicien, c’est un artiste. Le Rubik’s Cube des convictions, il le résout les yeux fermés. Et s’il y a bien une chose que cet homme maîtrise, c’est l’art de tourner sa veste avec l’élégance d’un danseur étoile.
Evidemment, François Bayrou n’est pas là pour gouverner, mais pour survivre. À Pau, où il cumule son salaire de maire et de président de communauté d’agglomération, il empoche environ 7 800 euros brut par mois. Une somme modeste, dira-t-il avec aplomb, puisque, rappelons-le, selon François Bayrou, « avec 4 000 euros par mois, on est de la classe moyenne ». Si c’est le cas, alors la majorité des Français doivent appartenir à la classe « crevons-l’œil ».
Et parce que cette « classe moyenne » devait bien se trouver un toit plus douillet, Emmanuel Macron lui a gentiment offert un poste de Haut-Commissaire au Plan. Un titre pompeux pour une fonction qui ressemble davantage à un job de bureau fictif qu’à une véritable mission pour la France. C’est simple, si vous cherchez des résultats concrets du Haut-Commissariat au Plan depuis sa création, vous aurez plus de chance de trouver un trèfle à quatre feuilles dans le désert.
Un style inégalé dans l’hypocrisie
Mais rendons-lui justice. François Bayrou a toujours été cohérent dans son incohérence. Lors de la cérémonie de passation de pouvoir, il a déclaré, sans ciller, qu’il avait « fait toute sa vie sans l’équité ». Une confession étonnante de la part de quelqu’un qui, effectivement, a surtout fait carrière dans l’iniquité, cumulant mandats, avantages, retraites dorées et subventions publiques à n’en plus finir.
Et ce n’est pas fini. Administrateur chez France Galop, il joue également un rôle clé dans un secteur où l’opacité des finances rivalise avec celle de son parcours politique. Ce n’est plus une carrière, c’est une série Netflix en mode House of Parasites.
Un avant-goût d’ordonnances indigeste
Que pouvons-nous attendre d’un tel personnage à la tête du gouvernement ? Des ordonnances, bien sûr. Avec un projet de loi de finances toujours dans les limbes parlementaires, François Bayrou et Emmanuel Macron s’apprêtent à piloter la France à coup de décrets. Vous avez aimé la Ve République ? Vous allez adorer sa version « 4D », où un Président omnipotent gouverne via son hologramme déguisé en Premier Ministre.
La farce continue
Au fond, la nomination de François Bayrou n’est pas un acte politique. C’est un acte de théâtre. Un spectacle où la caste dirigeante se repaît d’elle-même, tandis que la dette publique s’envole, et que les Français peinent à joindre les deux bouts. Avec François Bayrou, Emmanuel Macron s’offre un allié fidèle, un fusible « haut-de-gamme », et surtout un complice idéal pour maintenir un système à bout de souffle.
Alors oui, François Bayrou est Premier Ministre. Mais pour combien de temps ? Et surtout, à quel prix ? Celui de l’illusion d’une gouvernance, dans une République où la réalité a depuis longtemps déserté la scène politique. En attendant, les Français regarderont ce spectacle avec le désenchantement de ceux qui n’en attendent plus rien.